Mohamed Ould Abdel Aziz sera candidat à sa propre succession en 2019, alors qu’il avait récemment soutenu qu’il allait respecter la nouvelle Constitution qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels. A ce revirement s’ajoute un changement à la tête de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).
Revirement spectaculaire du Président mauritanien. Mohamed Ould Abdel Aziz annonce sa candidature pour la prochaine élection présidentielle. C’est ce qu’a annoncé, hier vendredi 20 juillet 2018, le Ministre porte-parole du gouvernement mauritanien, Mohamed Lemine Ould Cheikh qui a indiqué que l’homme fort de Nouakchott «se présentera pour un troisième mandat». Une surprise générale alors qu’Aziz avait déclaré qu’il va respecter la nouvelle Constitution, qui limite à deux (2) le nombre de mandats présidentiels. Il avait récemment annoncé qu’il allait pourtant soutenir un candidat en 2019. «Je me conforme à la Constitution, qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels. Nous avons, certes, révisé la Constitution, mais nous n’avons jamais touché à cet article. Et je n’y toucherai pas. Parmi les 3,5 millions d’habitants de la Mauritanie, chacun est libre de se porter candidat. Je soutiendrai l’un d’entre eux», avait-il confié à nos confrères de Jeune Afrique en mars dernier. «La révision de la Constitution n’a pas pour but de me représenter pour un troisième mandat comme le prétend l’opposition», rassurait le Président Abdel Aziz.
Le président de la République mauritanienne boucle son deuxième mandat en 2019, année charnière où plusieurs pays d’Afrique vont organiser leur élection présidentielle. Comme s’il voyait cela venir, l’opposition a toujours été sceptique à l’idée qu’il va céder le pouvoir en 2019, même si aucune tentative n’était en cours pour changer la Constitution.
Élu à la tête du pays en juillet 2009, puis réélu en juin 2014. Coïncidence ou calcul politicien, il y a du changement à la tête de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Mohamed Vall Ould Bellal, ancien ministre des Affaires étrangères, a été nommé jeudi Président du Comité directeur. Il remplace Didi Ould Bounama, qui a démissionné pour des raisons de santé. Agé de 70 ans, Mohamed Vall Ould Bellal est un homme politique très respecté en Mauritanie, mais sa nomination ne trouve pas l’assentiment de toute la classe politique.
Depuis quelques jours en Mauritanie, les religieux se divisent sur l’idée d’un troisième mandat pour le président en place, Mohamed Ould Abdel Aziz en 2019. Une partie de ces Oulémas du pays recommandent un troisième mandat en évoquant les réalisations du Président, pour justifier leur position. Secrétaire général de l’Association des oulémas de Mauritanie, Cheikh Ould Saleh estime que «le Président a fait du bien pour le pays. Il a relevé les défis de la stabilité et de la sécurité, dans une région exposée à tous les dangers. C’est pourquoi nous lui avons demandé de poursuivre l’œuvre qu’il a commencée. Il nous a écoutés sans rien dire». Quelques jours plus tôt, c’est le président de cette association qui, en marge d’une rencontre avec le président, a déclaré son soutien public à un nouveau mandat. Une prise de position qui a froissé les opposants au parti en pouvoir.
D’autres religieux font, cependant, appel à la Constitution de la Mauritanie limitant la présidence à deux mandants successifs de 5 ans, et au serment prêté par le président Abdel Aziz de se conformer à ses termes. «Beaucoup de hauts fonctionnaires comme les magistrats prêtent serment avant d’entamer l’exercice de leur fonction. Ils sont soumis moralement à cette obligation. Cela devient plus fort lorsqu’il s’agit du président de la République. S’il renie ses engagements devant Dieu et le peuple, le serment n’aura plus de sens pour le reste des Mauritaniens», a indiqué l’imam Mahfoudh Ould Brahim Vall.
Pape NDIAYE