Les pompiers n’ont pas d’eau pour éteindre le feu. Alors que le Premier ministre et son équipe nous avaient promis la fin de la pénurie, hier, 20 juillet, avec une amélioration de la fourniture, les populations continuent d’errer dans les rues de la capitale à la recherche de camions citernes disposant encore d’eau de consolation.
Ainsi, les autorités, qui semblent éprouver toutes les peines du monde pour faire couler le robinet, pataugent dans des promesses imbuvables.
Face à la grave pénurie d’eau qui noie le sommeil de nombreux Sénégalais, les gouvernants avaient avancé le deadline du 20 juillet pour solutionner le problème. Hélas, le robinet ne coule toujours dans de nombreux quartiers de Dakar. Et cette histoire d’eau trouble la République. En effet, les populations continuent de parcourir la ville pour étancher leur soif ou faire la queue dans de nombreuses files d’attentes pour espérer se procurer quelques litres de cette eau de consolation.
Ainsi, les promesses et autres assurances des pouvoirs publics s’envolent comme un écran de fumée. Les déclarations du Directeur de cabinet du président de la République, Me Omar Youm, également n’ont pas pu apporter le moindre bol d’air à l’affaire. Au contraire, elles vont accentuer le mépris et le rejet des populations pour ces gérants de l’Etat qui ont toutes les peines du monde à régler définitivement la question de l’eau depuis leur arrivée aux affaires. Et pendant ce temps, les citoyens reçoivent des factures en décrue.
Pour les populations qui souffrent le martyr depuis des mois, cet ultimatum du 20 juillet était forcément plus qu’un symbole. C’était l’échéance fixée par le Premier ministre ainsi que le ministre de l’Hydraulique, même si les deux hommes ne parlent pas nécessairement le même langage. Pour le chef du gouvernement, ce serait la fin du calvaire. «Dès le 20 juillet, les forages de Tiendeme-Bayakh seront mis en service pour 25 000 m3/jour. Ce qui compensera le déficit actuel de Dakar et les populations des zones difficiles seront soulagées», promettait, comme de fâcheux éclats d’eau bue, Mahammed Boun Abdallah Dionne chez nos confrères du journal l’Observateur du 4 juillet dernier.
Mais le Premier ministre se fera rectifier quelques jours après par le ministre de l’Hydraulique. D’après Mansour Faye, qui semble prolonger le régime sec infligé aux populations, tout le gap ne peut pas être comblé à cette date. Il apportait la bonne nouvelle d’une amélioration. «Bayakh a 5 forages, les équipements sont prêts, il reste juste les tuyaux. J’espère qu’il sera allumé lundi ou mardi. Il y aura 15 000 m3/jour. On prend 10 000 m3/jour chez les maraichers, ils seront déconnectés lundi ou mardi. Ça fait 25 000 m3. Bref, d’ici 20 juillet au plus tard, tout cela sera disponible», rassurait-il. Non sans ajouter : «A partir de ce moment, je ne dis pas qu’on n’aura plus de problèmes, mais on sera proche de couvrir le déficit».
Cloisonnements étanches au sommet
Quelques jours auparavant, lorsque le ministre lançait les travaux de trois forages, il parlait de couverture du déficit de 50%, la fin de la pénurie étant prévue, selon lui, en septembre. En résumé, au pire des cas, les Dakarois vivant dans des quartiers comme Fadia, Niarry Tally, Parcelles Assainies, Grand Yoff (certaines poches), Liberté, etc. devraient constater une nette amélioration de la fourniture d’eau à la date du 20 juillet. Mais, les choses semblent mal parties. Jusqu’à hier, les consommateurs n’avaient noté aucun signe d’amélioration dans l’accès au liquide précieux. Pourtant, ce n’est pas en soi une surprise. Non seulement, les autorités ont rarement respecté les échéances en la matière, mais surtout, dans ce cas de figure, il y a eu des indices qui laissaient déjà prévoir un tel rendez-vous manqué.
Pendant le marchand de flotte, la Sénégalaise des eaux (Sde), se bat pour rester à flot dans le cadre du renouvellement de son contrat d’affermage, le chef de l’Etat n’a encore pipé mot sur cette affaire gérée par son beau-frère, le ministre Mansour Faye. Tout le contraire de l’engagement dont il a fait montre lorsqu’il s’est agi de la mort du cheptel de nos parents éleveurs. Son gouvernement en eaux troubles, sur cette contreperformance mal exploitée par l’opposition même, il ne semble ressentir aucune fuite d’eau dans son château. Ce qui lui a surement empêché d’enfiler à nouveau la tenue militaire pour aller en première ligne comme en 2013 lors de la panne du tuyau de l’usine de Keur Momar Sarr.
Seyni DIOP