(Correspondance) – «Susciter une réflexion continue pour mieux faire face aux menaces qui guettent le pays».
C’est autour de cette dite problématique qu’ont tourné, samedi dernier, les travaux de la première conférence-panel du mouvement pour un Sénégal d’éthique et transparence, Mset. Une rencontre de travail qui, dans l’espace d’une après-midi, a réuni des sommités de la société civile, des représentants de la société sous toutes ses composantes mais aussi de partis politiques à l’exception de celui au pouvoir qui, pour une raison ou une autre, n’a pas daigné prendre part aux travaux. Pour l’ex-parlementaire, Elène Tine coordonnatrice du Mset, il s’est agi, avec le thème de cette première édition, «2019, un tournant décisif pour le Sénégal», de réfléchir et d’échanger sur la situation délétère dans lequel notre pays se meut depuis quelques temps. Une situation qu’elle définit comme une sorte de tourbillon où on ne parle pas de contenu ou de questions de fond mais plutôt de polémique et de politique politicienne dans un contexte où tout est remis en cause. Aussi se réjouit-elle de ce que les travaux ont permis de mettre le doigt sur la rupture de confiance entre les acteurs à seulement sept mois des élections. Ce qui justifie, selon elle, toute la pertinence de cette initiative qui se veut une invite au dialogue et à la discussion sur les questions de fond que les sénégalais attendent des politiques. «Qu’ils nous parlent de ce que vivent les sénégalais et des dérives actuelles. Mais aujourd’hui, c’est comme on voulait neutraliser le peuple afin qu’il ne réfléchisse plus et passe le plus clair de son temps à subir la situation sans piper mot des questions de fonds qui l’interpellent». Toute vision partagée par l’économiste Ibrahima Sall, un des panélistes. Pour lui, ce que le peuple attend, ce sont des propositions de fond sur la réforme de l’Etat mais pas qu’on vienne leur dire que quand «je prendrai le pouvoir, je vais faire fonctionner le pays». «L’Etat, il faut le refonder, le reconstruire. En conséquence, nous allons regarder et comparer les propositions des candidats sur la question essentielle qui est celle de la réforme de l’Etat. Car, non seulement elle conditionne le fonctionnement des institutions mais surtout celui du service public et de notre administration. Et sur ces questions-là, nous ne voulons pas de cosmétique mais plutôt une réflexion et un débat profonds sur les différentes propositions».
Quant à son collègue panéliste et professeur d’université, Maurice Soudiek Dione, sans équivoque, il soutient qu’en interrogeant la démocratie, le constat qui s’impose c’est qu’au Sénégal on note une certaine régression par rapport aux acquis démocratiques. Surtout, poursuit-il, par rapport à la rupture du consensus entre les acteurs autour des règles électorales. Ce qui se traduit par une certaine tension et une suspicion entre les acteurs. A ce titre, le paneliste d’évoquer le cas des dernières élections législatives de 2017 qui ont replongé le pays dans un recul de 20 ans par rapport aux élections de 1996. De même, sur le plan de l’Etat de droit, Maurice Soudiek Dione de regretter la constante violation des droits et libertés de l’opposition et des opposants. Laquelle régression, dit-il, n’est pas de nature à assurer la paix et la stabilité. Quid de la République ? A ce titre Maurice Soudiek Dione de rappeler que la République c’est la chose de tous. Par conséquent, «il n’est pas normal qu’il y ait certains qui en profitent plus que d’autres ou en abusent au détriment d’autres». Toutes difficultés autour desquelles le Mset invite les acteurs et la société civile de permettre au pays de pouvoir tirer profit des énormes potentialités qui s’offrent à lui. Surtout, selon la coordonnatrice Elène Tine, qu’avec ce sentiment unanime que le ciel est en train de s’assombrir sur la tête des citoyens, il urge d’aller vers des exercices d’introspection.
Sidy DIENG