CONTRIBUTION
Au mois de mars dernier, l’hélicoptère immatriculé 6WHTA effectuant une mission d’ordre social en Casamance s’était écrasé à Missirah, dans la zone des mangroves, faisant 9 morts et 12 blessés, dont les membres de l’équipage. Le chef de l’Etat Macky Sall avait instruit le Chef d’Etat-major général de l’Armée pour mettre en place une Commission d’enquête afin de rétablir la véracité des faits. Jusqu’ici, en dehors de la décoration des civils ayant participé au sauvetage des rescapés, c’est silence-radio sur la question.
Compte tenu de la gravité des faits, il est important de situer les responsabilités afin d’en tirer toutes les leçons nécessaires pour l’avenir. D’ores et déjà, il est important de préciser que des indiscrétions ont fait état de l’acquisition de cet appareil au niveau de l’Ukraine qui était aussi astreinte à une obligation d’entretien. Les parties ukrainiennes et sénégalaises ont-elles échoué dans leur devoir ? C’est possible.
Y a-t-il eu des failles techniques dans le service après-vente ? Ce n’est pas à exclure dès lors que certains antécédents en Ukraine militent en faveur de négligences ou faits de corruption déjà observés dans d’autres contrats de ce type ou assimilés. Par exemple, l’Ukraine avait, une fois, perdu un contrat de 500 millions de dollars qui l’opposait à l’Irak. Il était question de la fourniture de blindés de transport de troupes BTR-4, d’avions et de pièces détachées en Irak. Le bureau d’étude a envoyé au client des véhicules qui ont été ensuite retournés au fabricant. Pendant ce temps, on a relevé des cas d’envoi d’armements de mauvaise qualité dans le Donbass, qui ont poussé les députés ukrainiens à instaurer une responsabilité pénale pour les responsables des entreprises de la défense. Les produits militaires de mauvaise qualité sont devenus récurrents, poussant les enquêteurs jusqu’aux bureaux des dirigeants du pays soupçonnés de complicité avec les entreprises en question. La preuve, dans le contrat avec l’Irak, l’ex-ministre de la Défense Dmitri Salamatine avait même fui.
Les mêmes baisses de performance en matière d’armement ont été notées lors du dernier concours en armement organisé cette année en Europe appelé «Strong Europe Tank Challenge 2018». L’Ukraine est arrivée dernière face à l’Allemagne qui a pris la tête, la Suède et l’Autriche ayant suivi et les Etats-Unis ont eu un prix spécial pour l’excellence dans l’artillerie de précision. Ce qui a cloché pour l’Ukraine, c’est que lors du première round de tir, l’équipe ukrainienne n’a eu que 208 points sur 500 à cause d’ailleurs de défaillances techniques des nouvelles machines. Leurs chars, réparés et révisés pour le concours, ont eu une série de pannes et d’échecs.
Tout cela pour dire qu’il faudra que les résultats de l’enquête soient connus pour que l’on sache si la corruption et la défiance technique ne sont pas à la base de cet accident. Mieux, il est important de ne pas être charmé par l’accessibilité des offres de prix et tomber dans des catastrophes du genre vécu à Missirah.
Georges E. NDIAYE