Que gagnerait le PDS en engageant la polémique et une bataille juridique dont l’issue ne souffre, sauf extraordinaire, d’aucun doute ?
Une question qui s’impose d’autant que les dés semblent déjà jetés et Karim WADE ne sera pas candidat à la présidentielle de 2019. Tout, de son inculpation à l’annulation de son inscription sur les listes électorales en passant par la résurrection et la remise en service de la Cour de répression de l’enrichissement illicite, CREI, et sa déportation en terre qatari, permet de soutenir ce point de vue. Nul besoin d’être un expert politologue pour comprendre que l’affaire politico-judiciaire dite l’affaire Karim Wade n’avait pour objet que d’embastiller le fils de l’ex-Président Abdoulaye Wade aux fins d’écarter toute éventualité de sa candidature à la présidentielle de 2019. Même les déclarations du ministre de la Justice de l’époque, Me Sidiki KABA, quand il soutenait que la peine qui venait d’être prononcée contre WADE-fils n’entachait en rien ses droits d’élire et d’être éligible, s’inscrivaient dans cette logique d’élimination d’un candidat qui pourrait faire ombrage au tenant du pouvoir dans sa course pour un second mandat. «Karim n’a pas été privé de ses droits civils et civiques car il a écopé de peines complémentaires». Même venant d’un ministre Garde des sceaux, cette déclaration ne pouvait convaincre l’observateur le moins averti. En effet, piège ou stratagème pour calmer les velléités de rébellion des militants et souteneurs du candidat déclaré du Pds qui ruaient sur les brancards pour décrier ce verdict qu’ils percevaient comme une injustice de la justice, cette sortie sonnait faux. Surtout qu’en tant qu’avocat chevronné, le Garde des sceaux avait la claire conscience que sa voix ne pouvait avoir aucune ascendance sur les dispositions législatives et constitutionnelles en vigueur dans le pays. L’article L31 du code électoral stipule clairement que, «ne doivent pas s’inscrire sur les listes électorales les individus condamnés pour crime, ceux condamnés à une peine d’emprisonnement sans sursis ou une peine avec sursis d’une durée supérieure à un mois assortie d’une amende pour l’un des délits que sont le vol, l’escroquerie, l’abus de confiance, le trafic de stupéfiants, le détournement et la soustraction commis par les agents publics, la corruption entre autres peines d’emprisonnement supérieures à cinq ans». Assez clair donc pour ôter tout crédit à une quelconque autre déclaration même émanant d’un ministre de la Justice et Garde des sceaux.
Aussi se pose une autre question. Celle de savoir comment une telle évidence a pu échapper à un avocat tout aussi chevronné que Me Madické NIANG du PDS et supposé Plan B de cette dite formation politique. A moins qu’il n’ait délibérément choisi de fermer les yeux pour cacher son jeu. Et là, si cela se trouve, c’est pour donner raison à son «frère» de parti, l’ancien chef de cabinet de l’ex-Président WADE, Pape samba MBOUP pour qui Madické NIANG visait plus haut qu’un président de groupe parlementaire. Mais aussi que, toujours selon lui, en contresignant le document portant exil de Karim WADE, il savait bien, en tant qu’avocat, ce qu’il faisait. Toutes déclarations qui sonnaient comme une façon d’attirer l’attention des responsables du parti et des militants sur la volonté inavouée de leur «frère» de parti, Madické NIANG de s’auto-positionner comme le Plan B du PDS à l’occasion de la prochaine présidentielle. Qu’à cela ne tienne, avec la nouvelle donne relative au rejet de l’inscription de Karim WADE sur les listes électorales, le président du groupe parlementaire des libéraux et démocrates devra désormais marcher à visage découvert si tant est sa volonté de porter la candidature du PDS et de sa coalition aux prochaines joutes électorales. Reste cependant à savoir si sa candidature au statut de Plan B du PDS et de sa coalition sera bien appréciée et acquise pour tous. Car, même s’il est aujourd’hui le président du groupe parlementaire des libéraux et démocrates, Me Madické NIANG n’est pas le seul héritier du Président WADE. Nombre d’entre ses «frères» convoitent ce statut. De ceux-là, Oumar SARR qui préside aux destinées de la formation libérale dès les premières heures de la déroute de 2012 et qui a sué sang et eau pour lui éviter de sombrer dans les abimes de la déchéance alors que, dans les rangs, c’était la grande débandade et son corolaire de transhumance de grosses pointures vers les nouvelles prairies marron-beige. L’ancien ministre libéral d’Etat Habib SY qui sillonne les foyers religieux à la tête du Front démocratique pour la démocratie et la République, FPDR, pourrait aussi se révéler comme un sérieux prétendant tout comme d’ailleurs Modou DIAGNE Fada leader du mouvement politique Yessal. Quid du rewmiste en chef Idrissa SECK ? Lequel, même si sa candidature ne fait l’ombre d’aucun doute, à moins qu’il ne soit, après Karim WADE et probablement Khalifa SALL, le troisième postulant qui tombe dans les filets de pêche aux présidentiables, ne cracherait certainement pas sur ce statut de Plan B qui lui permettrait de mieux se positionner dans la réalisation de ses ambitions présidentielles.
Sidy DIENG