L’Etat ne compte pas trancher le différend larvé qui oppose Auchan à certains commerçants sénégalais.
Hier, le ministre du Commerce, Alioune Sarr a catégoriquement refusé de se prononcer sur la question.
Que cache la suprématie d’Auchan sur le commerce national ? La question a toute son importance si l’on se fie au silence assourdissant de l’Etat sur le bras de fer entre le géant français de la distribution et les organisations de commerçants du pays. Et, l’Etat à travers le ministre du commerce, Alioune Sarr refuse de se prononcer sur la question. Malgré l’insistance des journalistes en marge du lancement de la plateforme de vente des opérateurs économiques du pays, Yessal Njaay, il n’a pas voulu jouer à l’arbitre. «J’étais venu pour ouvrir une plateforme Yessal Njaay. Toute autre chose qui n’est pas liée à cela, je n’en parlerai pas», dit-il en réponse aux interpellations sur le sujet. Ne voulant pas se prononcer davantage sur la question, il précise que le gouvernement est vigilant et restera toujours vigilant. «Je crois qu’il faut insister sur ce que nous avons vu aujourd’hui, qui est une plateforme de vente en ligne. J’encourage tous les acteurs du commerce, que ce soit les producteurs ou les transformateurs, à s’inscrire dans cette voie afin de pouvoir disposer en ligne de produits de meilleure qualité», a-t-il déclaré. Selon le patron du Commerce, les innovations technologiques apportent de jour en jour des solutions aux défis auxquels les hommes sont confrontés. Ainsi, il estime que la plateforme de vente en ligne des commerçants sénégalais constitue une expérience innovante grâce à la dématérialisation des transactions.
Yessal Njaay est une plateforme de vente en ligne dédiée aux consommateurs. Elle regroupe 500 professionnels de l’informel pour plus de 3000 produits exposés. «La conjonction des forces et des atouts devient plus que jamais un enjeu fondamental pour les acteurs du commerce appelés à s’ouvrir et à s’adapter. Il y a de nouvelles perspectives de croissance pour se positionner dans les chaines de valeurs mondiales. Il y a, aujourd’hui, une concurrence extrêmement forte sur le plan régional et continental. Donc, vous avez besoin de faire bloc, d’être unis avec vous-mêmes mais aussi avec le gouvernement pour aller à la compétition», a-t-il confié aux commerçants qui veulent, par tous les moyens, barrer la route à Auchan.
Par ailleurs, le ministre est convaincu que cette volonté des opérateurs économiques nationaux de participer activement et durablement à la nouvelle dynamique de l’économie nationale permettra au Sénégal d’impulser et de promouvoir la production locale. Mais également, ajoute-t-il, de renforcer le commerce électronique et de rehausser sa contribution à la croissance économique. «Il faut s’adapter. Vous avez chacun trois téléphones portables. Cela veut dire que le consommateur est mobile, agile, exigeant et a des choix. Donc, si vous avez sur la plateforme plusieurs produits, il y a une concurrence qui s’exerce sur les producteurs. Donc, c’est sur cela qu’il faut travailler et non pas sur autre chose», soutient-il.
Abondant dans le même sens, l’administrateur de Yeessal Njaay parle d’invasion du numérique. Ce dernier regrette le fait que le Sénégal soit en retard par rapport à de nombreux pays de la sous-région. Face à la révolution numérique, il estime que les opérateurs économiques doivent s’adapter ou périr. «On doit s’adapter puisque l’économie numérique est partout dans le monde. Elle a sa place dans l’économie mondiale. Elle a bousculé toute la donne. Nous allons essayer de combler le gap. Et, aujourd’hui, c’est le rendez-vous de l’économie numérique et de l’économie informelle. Dans beaucoup de pays, les commandes se font déjà non pas au niveau des espaces de vente mais au niveau même des domiciles», a-t-il souligné. Tout en insistant sur le fait que le commerce électronique reste encore une aubaine pour l’économie informelle.
Adama COULIBALY