Le réalisme politique devrait amener le Parti démocratique sénégalais à dévoiler son plan B, si tant est que les libéraux tiennent à participer activement à la présidentielle de 2019.
Après le rejet de l’inscription sur les listes électorales de son candidat déclaré, synonyme d’une disqualification, le parti de Me Wade n’a plus beaucoup de choix. L’heure du plan B a sonné. Ne pas se rendre à l’évidence relèverait d’une politique de l’autruche ou d’une simple stratégie politique pour endormir l’adversaire.
«L’inscription de Karim Wade est valable et personne ne peut la rejeter. Si le gouvernement ne réagit pas de manière positive, nous allons dévoiler les différentes facettes du plan de lutte que nous allons mettre en œuvre. Nous n’avons pas de plan B encore moins de plan C. Nous avons un plan A. Karim Wade a été désigné par un congrès qui s’est réuni. Il est le seul candidat légitime du Pds», ont déclaré les libéraux ce lundi au cours de la réunion du Comité directeur transformé en mini meeting de protestation. Une chanson qu’ils répètent depuis qu’ils ont porté leur choix sur Karim Wade pour croiser le fer avec Macky Sall à la présidentielle de 2019. Seulement, au rythme où vont les choses, il est difficile de continuer à écouter cette ritournelle qui pourrait leur être fatale si le pouvoir en place ne revient pas à de meilleurs sentiments. En effet, le réalisme politique devrait amener le Parti démocratique sénégalais en dévoiler son plan si tant est que les libéraux tiennent à participer activement à la présidentielle de 2019. L’heure du plan B a sonné. Et tous les regards sont tournés vers le président du groupe parlementaire des libéraux et démocrates, le député Madické Niang qui est le favori des pronostics. Même si l’intéressé ne veut pas entendre parler de ça. «Je ne suis pas le No 2 encore moins le plan B du Pds», avait-il laissé entendre quand certains lui donnaient le titre de numéro 2 du Pds suite à une déclaration de Me Wade à Touba. Mais cette dénégation n’entame en rien la conviction de ceux-là qui voient en lui le plan B du Pds.
Dans une interview accordée à Walf Quotidien en octobre 2017, l’ancien chef de cabinet du Président Wade affirmait que Madické Niang voulait être le plan B du Pds en l’absence de Karim Wade. «C’est lui qui a contresigné l’exil de Karim et en tant que avocat, il savait très bien ce qu’il faisait», faisait remarquer Pape Samba Mboup, ajoutant que Madické Niang visait plus haut qu’un simple président de groupe parlementaire : «Il (Me Madické, Ndlr) viserait plus haut. Car, il a des ambitions qu’il n’a pas le courage de dévoiler». Se faisant on ne peut plus précis, Pape Samba Mboup ajoutait que «Wade est manipulé par ceux qui dirigent actuellement le Pds. Ils savent que Karim Wade ne sera pas candidat en 2019 mais ils persistent à dire qu’il sera là, qu’il va venir pour que, au dernier moment, ils mettent le président Wade devant le fait accompli et pour ensuite être le plan B». Mieux, explique l’ancien bras droit de Wade, «Me Madické Niang était en phase avec moi quand je suis allé chez lui pour lui parler du plan B. Il était d’accord avec moi mais il m’a demandé de faire en sorte que les gens ne sachent pas que j’avais sa bénédiction. Madické Niang a des ambitions mais malheureusement, il n’a pas le courage de dévoiler ses véritables ambitions.» Des propos que l’ancien patron de la diplomatie sénégalaise avait vivement rejetés. Mais aujourd’hui la nouvelle donne politique l’oblige à revoir sa position. Tout comme ses frères libéraux. Et ne pas l’admettre, c’est faire la politique de l’autruche. A moins que le Pds ait choisi de ne pas dévoiler son plan B par stratégie politique pour endormir l’adversaire. Une chose est quand même sûre : Wade et les siens se battront jusqu’au sang avant de lâcher la candidature de Karim Wade.
Georges Nesta DIOP