CONTRIBUTION
La Société africaine de raffinage (Sar) convoque ses actionnaires à son Assemblée générale ordinaire le Vendredi 29 juin 2018 à 14h30 à Paris, Tour Michelet, La Défense, France (Journal Le Soleil, Samedi 16 et Dimanche 17 juin 2018, page 17). Pour qui ne connait pas la Sar, on pourrait penser qu’il s’agit d’une société enregistrée ou exerçant en France.
Créée en 1961, la Société africaine de raffinage (Sar) a démarré ses activités le 31 Octobre 1963 et a été inaugurée le 27 janvier 1964 par le président de la République Léopold Sédar Senghor. Elle est l’une des premières entreprises du Sénégal en termes de chiffre d’affaires et au cœur de la politique énergétique du pays en assurant l’approvisionnement du marché sénégalais en produits pétroliers de qualité.
Actuellement le siège social de la Sar est au 15 Boulevard de la République, Dakar Sénégal. Il s’agit en effet d’une Société anonyme à participation publique majoritaire enregistrée au Registre du commerce de Dakar avec son numéro d’identification national des entreprises et des associations (Ninea).
Son capital de 1 milliards 730 millions de francs Cfa est réparti entre trois actionnaires la société Petrosen actionnaire majoritaire (46%), une société anonyme à participation publique majoritaire (détenue à 99% par l’État ; à 1% par la Société nationale de recouvrement) ; ensuite la Compagnie ouest africaine de crédit-bail Locafrique (34 %,) et enfin la major française Total (20%) (source : Site web de la Sar www.sar.sn consulté le 25 juin 2018).
Malgré l’ouverture de son capital au secteur privé national et étranger, la Sar demeure encore un symbole et un instrument de la souveraineté énergétique du Sénégal.
Comment, dans le contexte de la découverte d’importants gisements de pétrole et de gaz sur le territoire national, interpréter la tenue de l’Ag de la Sar dans la capitale française ? Vieille tradition ? Raisons pratiques et logistiques ? Envie de dépaysement des actionnaires ? Volonté de tenir à distance les curieux à la suite d’un conflit interne entre la Direction générale et l’actionnaire Locafrique qui a entraîné à la nomination d’un nouveau Directeur général en 2018 ? Mise en œuvre du concept des Assemblées générales délocalisées ?
Plus sérieusement, la convocation des réunions statutaires de structures nationales du secteur public et parapublic hors du territoire national (sauf pour motif d’intérêt général) est en contradiction avec la politique de souveraineté et d’indépendance énergétiques affichée par les autorités publiques. Pourquoi exiger plus de contenu local de la part des compagnies pétrolières et minières alors que nos sociétés nationales n’en font pas une priorité dans toutes leurs activités ? Cette délocalisation, aussi symbolique soit elle, ne sert pas non plus la destination Sénégal au moment où le Ministère du Tourisme est en train de la vendre jusqu’en Russie.
Mohamed Ayib DAFFE