CONTRIBUTION
A un courageux anonyme membre de l’Apr (ou de Bby) qui me reprochait de «pourfendre» Macky Sall après l’avoir défendu naguère, je répondis que le Macky que je défendais (si tant est que je l’aie jamais défendu) était un autre homme. C’était celui qui s’était solennellement engagé devant la nation à réduire son mandat de sept à cinq ans avant de se dédire, toute honte bue, avec la caution du Conseil… des ministres-bis ; le Macky que je défendais nous avait promis une république des valeurs – valeur étant entendu au sens de ce par quoi quelqu’un est digne d’estime sur le plan moral, intellectuel, professionnel etc. ; celui qui, entre les deux tours, s’était empressé de courir comme un dératé au siège des Assises nationales pour signer la charte de bonne gouvernance ; le président que je défendais était celui qui s’était fait fort de promouvoir la primauté de la patrie sur le parti, qui disait urbi et orbi qu’il ne prendrait pas de décret pour nommer son frère, qu’il remettrait la justice sur les rails qu’elle n’aurait jamais dû quitter, qu’il ne protégerait jamais quelqu’un coupable de prévarication ; tout son beau discours d’antan sur les méfaits de la transhumance n’a pas freiné l’ardeur de la ruée des «Ndiaye» vers l’or du pouvoir (que les autres Ndiaye, qui eux sont sans tâche, me pardonnent).
Comme on peut le constater, la liste des manquements est longue et non exhaustive. Je laisse aux Sénégalais le soin de juger ; cela les préoccupe beaucoup plus que je ne sais quelles convictions républicaines, ouvrage narcissique, s’il en est. L’autre préoccupation des Sénégalais, c’est le problème de l’eau, particulièrement à Rufisque qui souffre d’un manque d’eau chronique depuis 2012… Wade a été emporté par l’électricité entre autres. Entre l’eau et l’électricité, le lien est très ténu…
Un autre anonyme du même bord, qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez (décidément, ce n’est pas le courage qui étouffe ces gens-là), me reprochait de «dire du n’importe quoi» (sic) : pour lui, l’heure était au dialogue relatif aux négociations sur les ressources naturelles, plutôt ; dialogue ? Il faisait semblant d’ignorer qu’un tel dialogue avec le président doit se faire aussi bien en amont qu’en aval, mais quand tout a été décidé, comme à son habitude, à quoi bon dialoguer ? Ne serait-ce pas servir de faire-valoir ? Il faut cesser de prendre les Sénégalais pour ce qu’ils ne sont certainement pas… Le Sénégal est la vache laitière de la France et ce président en est le berger. Toute notre économie est entre les mains de ces gens-là ; tous ceux que Wade avait fait dégager, sont en train de revenir en force.
Dieu dit dans le Coran : O vous qui avez cru ! Pourquoi dites-vous ce que vous ne faites pas ? C’est une grande abomination auprès d’Allah que de dire ce que vous ne faites pas. (Coran, chapitre 61, versets 2 et 3). Selon Abou Hourayra (Ra), le Messager de Dieu (Psl) a dit : «Les marques de l’hypocrite sont trois : Quand il parle, il ment. Quand il promet, il manque à sa parole. Quand on lui confie un dépôt, il le trahit.» (Unanimement rapporté). Dans la version de Moslem, il y a en outre : quand bien même il a observé le jeûne, pratiqué la prière et prétendu être musulman.
Le sénateur romain Caton l’Ancien avait l’habitude de terminer tous ses discours par ce qui était pour lui une idée fixe, une obsession, qui est devenue proverbiale, c’est à propos de Carthage, qui était la grande rivale et bête noire de Rome : «Il faut détruire Carthage» ; pour l’opposition, la société civile, les Sénégalais de manière générale, ce sera : il faut détruire le parrainage, c’est le prix à payer pour une élection normale en 2019.
Yatma DIEYE
Professeur d’anglais, Rufisque