Les albinos ne veulent pas être les agneaux du sacrifice des politiques à l’approche de la prochaine élection présidentielle.
Ils ont profité, hier, du point de presse en prélude de la célébration de la Journée mondiale de l’albinisme qui sera célébrée le 13 juin prochain pour interpeller le Président Macky Sall et son ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, sur leur sécurité.
S’il y a des gens qui ne dorment plus du sommeil du juste à l’approche de la prochaine élection présidentielle de 2019 qui pointe à l’horizon, ce sont bien les albinos. Ces derniers qui disent faire souvent l’objet de sacrifices par des politiques qui pensent qu’ils détiennent, soutiennent-ils, des pouvoirs surnaturels pour faire gagner des compétitions ont alerté les autorités publiques sur ce phénomène. «Nous craignons pour nos vies. Nous avons peur à chaque approche des élections, parce que les gens pensent que les albinos sont des porteurs de pouvoirs surnaturels. Récemment, une fille albinos a été tuée au Mali pour des sacrifices. Nous savons que le trafic d’organes des albinos et les assassinats sont souvent liés à des élections. Au Sénégal, les élections approchent et tous ses actes crapuleux coïncident avec ces joutes», lance Mouhamadou Bamba Diop, président de l’Association nationale des albinos du Sénégal (Anas). Il s’exprimait au cours d’un point de presse en prélude à la Journée internationale sur l’albinisme qui sera célébré le 13 juin. Selon M. Diop, les albinos ont toujours la peur au ventre parce que les autorités tardent à prendre les dispositions nécessaires pour assurer leur sécurité. D’ailleurs pour lui, c’est l’occasion de le rappeler au ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, et au présidant Macky Sall. Il affirme que si les albinos avaient les pouvoirs qu’on leur prête pour faire gagner des élections ou guérir le Sida, ils allaient exploiter ces pouvoirs à leur propre compte.
Plus globalement, à l’en croire, dans notre pays, les albinos sont confrontés à d’énormes difficultés. Car, ils sont laissés en rade dans toutes les politiques sociales de l’Etat. En dehors des régions comme Dakar et Thiès, dans les autres localités certains de leurs camarades n’ont même pas d’état-civil, une pièce qui peut leur permettre de bénéficier de certains avantages comme la carte d’égalité des chances. Les rares qui en détiennent, selon lui, peinent à accéder aux services de santé et à l’éducation. «La majeure partie des albinos qui vivent avec le cancer, ce sont des cercueils ambulants. Dans les hôpitaux, on leur fixe des rendez-vous espacés à n’en plus finir et s’ils n’ont pas de parents qui les soutiennent financièrement, c’est la mort qui suit. Cette maladie est en train de nous tuer à petit feu. Nous demandons à l’Etat de prendre en charge les albinos malades de cancer», plaide-t-il.
Pour la scolarisation, il parle d’une déperdition totale pour ses camarades qui abandonnent très tôt les études à cause du manque de crème solaire et des problèmes de vision. D’après lui, les autorités ne cherchent pas à comprendre les difficultés liées à l’albinisme. La preuve, regrette-t-il, lors du dernier recensement, les albinos n’ont été pas pris en compte parce que l’Etat a utilisé un système qui les exclut complètement de la population.
Samba BARRY