Contrairement aux avocats de la défense, Alioune Ndao, l’ancien procureur de la CREI,
n’est pas d’avis que la justice s’empresse pour juger le maire de Dakar, Khalifa Sall. Il soutient que c’est un dossier ordinaire, comme tous les autres qui suit son temps.
Alioune Ndao, l’ancien procureur de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), affirme qu’il n’y a «aucune célérité excessive» dans le jugement du maire de Dakar, Khalifa Sall. Il prend ainsi, le contre-pied des avocats du maire de Dakar, qui estiment que le dossier de leur client est mené avec beaucoup d’empressement. Khalifa Sall a été condamné en première instance, le 30 mars dernier, à cinq ans d’emprisonnement ferme et à cinq millions de francs d’amende. Deux mois à peine après, le dossier est aussi enrôlé en appel le 5 juin. Une précipitation suspecte aux yeux des avocats de la défense qui accusent le pouvoir de chercher à éliminer leur client de la course à la prochaine présidentielle par le truchement de la justice. «On constate que Dame justice est très pressée et on s’interroge sur les garanties minimales d’un procès équitable. On ne comprend pas pourquoi la justice sénégalaise est aussi pressée d’expédier cette affaire Khalifa Sall», déclare Me Diagne. «Il y a plein de détenus dans ce pays condamnés en première instance qui demandent à être jugés depuis des années. Et vous vous précipitez pour rejuger Khalifa Sall» a lancé furieux Me Mbaye Sène.
Mais pour Alioune Ndao, cité par Seneweb c’est un dossier de justice qui suit son temps, qu’il soit traité rapidement ou non. «L’affaire Khalifa Sall constitue un dossier ordinaire, comme tous les autres», déclare l’ancien procureur de la Crei qui précise toutefois qu’il n’a pas consulté le dossier. «Je ne connais pas ce qu’il y a dedans», a-t-il juré. Alioune Ndao s’exprimait, hier, au cours de la cérémonie de prestation de serment des conseillers consulaires de la Chambre commerciale d’Appel de la Cour d’appel de Dakar.
Interpellé sur la Crei, Alioune Ndao affirme qu’il a tourné la page de cette juridiction spéciale depuis qu’il n’y siège plus, et il ne veut plus qu’on lui en parle. «Il ne faut plus me poser de question sur cette juridiction. J’ai tourné définitivement la page de la Crei», dit-il, ajoutant qu’il ne regrette pas de l’avoir quittée. «C’était un moment de ma carrière que j’ai exercé. J’ai estimé que j’ai fait mon travail conformément à la loi et puis c’est terminé», martèle Alioune Ndao. Alioune Ndao a été limogé de son poste de procureur spécial de la Crei le 11 novembre 2014, en pleine audience, lors du procès Karim Wade, Bibo Bourgi et Cie.
Charles Gaïky DIENE