Dans une lettre dont WalfQuotidien a obtenu copie, le bras droit de Khalifa Sall vilipende Macky Sall devant les Américains.
Barthélémy Dias invite les membres de la sous-commission de l’Afrique des relations extérieures du Sénat américain et de nombreuses institutions fédérales ou privées américaines à bien prêter une attention particulière à la situation socio-politique du Sénégal, mais aussi aux «agissements anti démocratiques, dictatoriaux et illégaux» du chef de l’Etat.
Barthélémy Dias, le bras droit du maire de Dakar, Khalifa Sall, a décidé d’internationaliser son combat pour plus de démocratie et contre le régime du Président Macky Sall. Il a ainsi saisi le Congrès américain, le Secrétariat d’Etat ainsi que plusieurs autres institutions fédérales, des médias, des universités et des associations américains à travers une lettre. Dans celle-ci, le maire de Mermoz-Sacré-cœur dénonce la situation politique, judiciaire du Sénégal et sur le désir absolu du chef de l’Etat d’être réélu. En effet, il alerte les Américains sur les «agissements anti démocratiques, dictatoriaux et illégaux» de Macky Sall qui, selon lui, instrumentalise la justice pour se maintenir au pouvoir. «Le Président Macky Sall est obnubilé par une éventuelle réélection en février/mars 2019. Depuis quelques mois, il s’emploie, avec acharnement, à écarter de la compétition future diverses personnalités politiques qui ne sont pas ou plus de son bord politique en les emprisonnant sous des fallacieux prétextes. Pour ce faire, il s’appuie sur la justice sénégalaise qui en fait, est à son service», écrit-il depuis sa cellule de prison de Rebeuss. «C’est ainsi, après avoir fait condamner et emprisonner Khalifa Sall, le député-maire de la ville de Dakar, il vient de faire la même chose contre Barthélémy Dias, ancien parlementaire et maire de la commune de Mermoz-Sacré-cœur, à Dakar et principal soutien politique de Khalifa Sall. Or la justice sénégalaise est discréditée et tout le pays en a unanimement conscience y compris les magistrats eux-mêmes», poursuit Dias-fils.
Et pour mieux convaincre les Américains, il cite l’exemple du magistrat Harouna Dème qui a démissionné de la magistrature pour protester contre la «culture de la soumission» de la Justice à l’Exécutif. Il cite également le magistrat Souleymane Téliko, président de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums) qui ne cesse, selon lui, de dénoncer «l’inféodation de la justice, instrumentalisée par le pouvoir présidentiel auquel elle s’est soumise».
Barthélémy Dias convoque aussi Mame Adama Guèye, ancien bâtonnier de l’ordre des avocats du Sénégal qui a dit qu’il y a une incertitude judiciaire grandissante. Mais aussi que la situation de la justice est en train de s’empirer et a atteint une vitesse phénoménale. «Ces quelques citations ne sont pas exhaustives. Elles confirment la mainmise du pouvoir politique sur la justice. Pourtant, aucune de ces personnalités n’a été interrogée par la police, arrêtée ou passée en jugement pour ses propos», dit-il. Alors, dénonce-t-il, après qu’un verdict «inique» ait été rendu dans l’affaire Khalifa Sall, il a été arrêté, jugé et jeté en prison, condamné à une peine de six mois de prison pour avoir dénoncé ce jugement qui fait l’objet d’un appel de toutes les parties. Et selon lui, c’est parce que Macky Sall et son pouvoir avaient une occasion rêvée de le «retenir en otage» parce qu’il s’est révélé clairement comme une personnalité opposée à la politique «dictatoriale». «Macky Sall, conscient de ma popularité et de ma capacité de mobilisation, a profité de ce prétexte pour me faire taire. En effet, ayant décidé de tripatouiller la constitution et le code électoral comme le font la plupart des dictateurs africains pour se garantir d’ores et déjà une victoire sans adversaire de taille lors de l’élection présidentielle de février/mars 2019, le président de la République a décidé de fouler aux pieds la liberté d’expression en me réduisant au silence parce que étant une des voix puissantes, un des hommes de refus et d’action, un des rares hommes à lui faire face», écrit-il encore.
Parmi les institutions, médias, la société civile, organismes privés et grandes universités américaines qui ont été ciblés il y a le think Thanks, Civil society and private sector, le Council of Foreign Relations, Brookings Institution, Center for Strategic and International Studies, International Republican Institute (IRI), National Democratic Instititute (NDI), Africa Center for Strategic Studies (ACSS), School of Foreign Service (SFS) at Georgetown University, SAIS at Johns Hopkins University, US Chamber of Commerce. Cette lettre est aussi adressée à CNN, The major networks (ABC, CBA and NBC), MSNBC, Washington Post, New York Times, Washington Times, Wall Street Journal, etc.
Charles Gaïky DIENE