CONTRIBUTION
C’est en Ces Noms et Attributs divins que je commence une réflexion sur ce qui fait une certaine actualité dans notre pays. En plein mois de Ramadan, mois de pénitence, de repentir et de quête du pardon divin. J’implore Allah, Le Tout Puissant, afin qu’Il m’inspire les pensées et les mots conformes à Sa Volonté et répondant à Son Agrément. Je vais m’y essayer en gardant le regard fixé sur l’horizon du grand rendez-vous avec Lui, Le Seul Maître de l’Univers.
Monsieur le Premier ministre Idrissa Seck s’est fourvoyé. Incontestablement. Dans le fond comme dans la forme. Dans le fond, la question qui lui était posée était adressée à l’homme politique et non à un prêcheur. Dans ce contexte, des arguments politiques existent pour éclairer les débats sur la crise israélo-palestinienne sans avoir besoin de remonter au Prophète Abraham et à son illustre descendance. Pour comprendre, discuter et se faire une opinion sur cette tragédie contemporaine, il suffit de se pencher sur les conditions de la création de l’Etat d’Israël en 1948 en interrogeant le rôle joué par la Société des Nations (Sdn) devenue l’Organisation des Nations Unies (Onu). Il faut ensuite dérouler le film des partis pris flagrants de certaines grandes puissances, depuis cette date, pour asseoir l’autorité d’Israël dans la région. Il faut enfin décoder les causes de l’affaiblissement du monde arabe pour appréhender le jeu des ombres qui, depuis trop longtemps, tirent les ficelles et profitent des guerres au Moyen Orient pour accentuer leur contrôle sur ses ressources pétrolières, augmenter leurs gains financiers et transformer le rapport des forces, religieux et politique, dans cette partie du monde. Tout cela dans une approche géopolitique, savamment conçue et menée à coup de canons. Il y avait donc, sous ce rapport, de quoi alimenter une longue interview en matière de sciences… politiques.
En lieu et place, Monsieur le Premier ministre Idrissa Seck s’est lancé dans des approximations et des inexactitudes en sciences… religieuses (!) qui ont été relevées et corrigées par plusieurs intervenants sur la question. Point n’est besoin d’y revenir.
Rappelons tout de même que pour un musulman, le Coran n’est pas un livre d’histoires anciennes. C’est la Parole de Dieu. Le Message d’Allah à toute Sa Création. La mise à jour finale du logiciel permettant d’accéder au Serveur divin. De toute éternité. La succession de 124 000 Prophètes, de Adam (Alayhi Salaam) à Mohammed (Salalhou Alayhi wa Salam) ne doit rien au hasard. C’est le déroulement de la programmation divine, dont la quintessence et le sens profond nous seront dévoilés au jour du Jugement dernier. Que ceux qui en doutent jurent qu’ils ne mourront jamais ! Aucun des négateurs les ayant précédés ne marche plus sur la terre d’Allah, Celui qui les a rappelés à Lui.
C’est le Prophète Mohammed (Paix et Salut sur lui) qui est l’être exceptionnel, sous tous rapports, qui a été choisi par Allah pour transmettre le Coran et tous les enseignements divins, réactualisés et purifiés des contrefaçons sataniques et humaines antérieures. La dimension du Prophète (Psl) est ainsi à envisager, relativement à la permanence ainsi qu’à la portée universelle du message qu’il a délivré depuis 14 siècles (!) en seulement 23 ans. Une Vérité qui a atteint et convaincu depuis, sur tous les continents, dans toutes les races et toutes les conditions, des milliards d’êtres humains… Qui dit mieux ? Rappelons que, du point de vue de l’Islam, ses prédécesseurs dans l’Ordre de la Révélation que sont les Prophètes Moussa (Moïse, transmetteur de la Thorah) et Issa (Jésus, transmetteur de l’Evangile) sont ses frères ! Ils bouclent le cinq majeur de l’Islam qui est constitué par Noé, Abraham, Moussa, Issa et Mohammed que la Paix et les Saluts d’Allah soient sur eux tous. Ceci pour dire que l’on ne s’adresse pas à ces hommes exceptionnels, élus de Dieu, de manière désinvolte. Tous les égards en matière de langage leur sont dus. Erreur manifeste, dans la forme, du discours d’Idrissa Seck.
Cela étant, le but de cette réflexion n’est pas de répéter ce qui a été amplement et bien dit. Parfois, hélas, maladroitement. Au point de susciter des réactions épidermiques qui appauvrissent le débat.
Ce qui m’intéresse plutôt ici, c’est d’interroger la tendance générale à juger et à condamner sans appel M. Idrissa Seck, parfois en l’excluant de La Miséricorde d’Allah. Cela me semble excessif et je ne sache pas qu’un être humain soit attributaire de telles prérogatives. Idrissa Seck, édifié sur ses erreurs et s’il les reconnaît comme telles, a les portes du repentir grandement ouvertes. Qu’il fasse amende honorable et sollicite du Créateur, Seul Juge digne de Ce Nom, la rémission de sa faute ainsi que Son Pardon. «Et pour ceux qui, s’ils ont commis quelque turpitude ou causé quelque préjudice à leurs propres âmes (en désobéissant à Allah), se souviennent d’Allah et demandent pardon pour leurs péchés – et qui est-ce qui pardonne les péchés sinon Allah ? – et qui ne persistent pas sciemment dans le mal qu’ils ont fait.» (Sourate 3 Verset 135).
Il me semble également que lorsqu’une brebis s’égare, le rôle des bergers c’est d’aller à sa recherche afin de lui faire réintégrer le troupeau. Les condamnations sans appel ne devraient survenir qu’en cas de rébellion ouverte et belliqueuse. Sinon, la communauté musulmane doit préserver son unité et faire preuve entre ses membres de clémence, de mansuétude et de miséricorde. Encore plus au cours de ce mois béni dédié à la Miséricorde et au Pardon.
L’atmosphère sociale de notre pays est pesante. Les guides spirituels ont pour mission de promouvoir la paix et l’harmonie. En restant à équidistance des chapelles temporelles guidées par des enjeux terrestres. Dans le respect des différences. Tant que des actes belliqueux ne sont pas posés par tel ou tel segment de la société, nous devons tous mettre en avant la paix, l’harmonie et la cohabitation pacifique.
Pour malheureuses que soient les déclarations de M. Seck, nous devons à la vérité de rappeler que nous avons lu, vu et entendu dans notre pays des propos et des actes mille fois plus condamnables que ses propos. Aucune levée de boucliers ne les a sanctionnés. L’Islam est quotidiennement malmené par nos postures et nos impostures dans l’indifférence quasi générale. La division des musulmans en sectes de plus en plus nombreuses est, à cet égard, préoccupante. Allah dit à Son Messager :
«Ceux qui émiettent leur religion et se divisent en sectes, de ceux-là tu n’es responsable en rien : leur sort ne dépend que d’Allah. Puis Il les informera de ce qu’ils faisaient.» (Sourate 6 Verset 159). Voilà bien un sujet qui mériterait un débat en profondeur et la mobilisation de tous les musulmans sincères pour juguler une tendance suicidaire pour notre communauté, en principe unie autour d’Un Seul Livre, guidée par Un Prophète, en direction d’Un Seul Dieu.
Si déploiement d’énergie il doit y avoir, que ce soit sur le chantier de la restauration du dogme islamique et du modèle prophétique en nous-mêmes et autour de nous. Les vertus sont malmenées. Les comportements sociaux sont déglingués. La course aux biens mal acquis est devenue la règle. La corruption, la luxure et le culte du paraître atteignent des niveaux jamais égalés. La religion est réduite à des dimensions folkloriques. Alors même que sa mission est de purifier les âmes et de transformer l’humain en digne représentant de Dieu sur terre. Préoccupons nous de cela et changeons vite de perspective avant qu’il ne soit trop tard…
Tout le reste sent le piège et dénote des ruses de Sheytaan ! Qu’Allah nous en préserve et nous maintienne dans Sa Guidance ! Dewenetti.
Amadou Tidiane WONE