C’est ce vendredi que les fameux accords portant sur l’exploitation des réservoirs de gaz entre le Sénégal et la Mauritanie seront rendus publics. Idrissa Seck avait exigé leur publication, le député Ousmane Sonko appelle les citoyens à investir en masse l’hémicycle.
L’opposition n’attendait que ce moment. L’Assemblée nationale va examiner, aujourd’hui, en plénière, le projet de loi autorisant le président de la République à ratifier l’accord de coopération inter-Etats portant sur le développement et l’exploitation des réservoirs de gaz entre le Sénégal et la Mauritanie. Et l’ambiance risque d’être électrique, cela risque de chauffer. En effet, les députés de l’opposition ont une occasion de prendre connaissance de ces accords et surtout de les critiquer à moins que le pouvoir n’use de sa majorité mécanique pour imposer un vote sans débats.
Mais quoi qu’il en soit, le député Ousmane Sonko appelle d’ores et déjà les citoyens à envahir l’Assemblée nationale. «Vue l’importance de cette séance aux enjeux économiques, politiques, géopolitiques, sécuritaires et environnementaux incommensurables, j’invite le public et la presse à venir suivre et retransmettre les débats, pour que nul n’en ignore», dit-il, invitant les Sénégalais à s’intéresser «aux vrais enjeux» qui impactent notre avenir et de refuser «les diversions politiciennes». Le leader du mouvement Pastef comme du reste l’ensemble des membres de l’opposition ne cessent de dénoncer les accords signés par l’Etat et concernant les ressources gazières et pétrolières. Il considère ces accords comme un énième épisode dans cette «série d’actes de mal gouvernance et de délits économiques» du gouvernement sur nos ressources naturelles.
Macky Sall s’est rendu en Mauritanie pour signer ces accords au lendemain du meurtre d’un pêcheur sénégalais par des gardes côtes mauritaniennes. Et l’opposition accuse le président de la République d’avoir mal négocié ces accords avec le voisin mauritanien. C’est pourquoi dans une lettre ouverte, Idrissa Seck, le leader du parti Rewmi, avait exigé leur publication. «Monsieur le président de la République, par souci de transparence, je vous invite respectueusement à publier, sans délai, l’accord bilatéral sur le gaz signé avec la Mauritanie. Cet accord n’a rien de confidentiel. Une fois l’accord publié, les spécialistes en la matière pourront dire, en connaissance de cause, si «vous travaillez dans l’intérêt des Sénégalais», comme vous l’avez clamé à Nouakchott», avait-il dit. Idrissa Seck considère que le contexte de la signature de cet accord, n’a pas été serein. En effet, d’après lui, la signature de cet important accord bilatéral s’est faite dans la «précipitation, dans l’urgence et dans l’émotion». «Ce qui, souvent, ne garantit pas les meilleurs résultats dans des tractations de cette importance. Un accord bilatéral de cette complexité exige une préparation et un processus de décisions minutieux»,avait-il ajouté. Avant de poursuivre: «Cela ne protège pas les intérêts des 15 millions de Sénégalais sauf de deux d’entre eux : vous-même et votre frère (….) Je vous renouvelle mon invitation à vous pencher sur les intérêts supérieurs de notre peuple dont vous ne semblez plus percevoir la détresse et l’indignation du fait de l’épaisse fumée noire que vos proches dressent suicidairement entre vous et vos compatriotes, paysans, enseignants, étudiants».
Le Président Macky Sall a mis à profit une conférence de presse conjointe avec le président du Libéria, Georges Weah pour répondre à Idrissa Seck. «Je ne comprends pas qu’on puisse poser des questions sur des choses qui ont été faites publiquement. Et il faut ne rien comprendre des relations internationales pour comprendre qu’un Etat va signer un accord international et que ces accords soient secrets», a rétorqué Macky Sall, assurant que les accords seront présentés et adoptés en Conseil des ministres ensuite le ministre des Affaires Etrangères se rendra à l’Assemblée nationale pour répondre aux questions des députés afin d’expliquer les tenants et les aboutissants de cette affaire.
Charles Gaiky DIENE