Tous les moyens semblent bons pour éteindre les foyers de tension.
Après la hausse de l’indemnité de logement concédée aux enseignants, le chef de l’Etat qui a reçu les étudiants, hier, leur a promis la hausse des bourses et une baisse du prix des tickets de restauration. Une logique alimentaire pour tenter d’éteindre les feux en cette veille de guerre du trône, en 2019.
Enorme coup de bourse. Il a fallu qu’un étudiant tombe sous les balles de la maréchaussée, à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, pour que le chef de l’Etat se décide à montrer une proximité avec le peuple. Et à se pencher sur le mal-être des étudiants sénégalais. En effet, selon certaines sources, le Président Sall a décidé d’augmenter légèrement les bourses des étudiants du Sénégal et de baisser les tickets de restauration. Ainsi, la demi-bourse qui était de 18 mille francs Cfa passe à 20 mille francs Cfa alors que la bourse entière de 36 mille francs sera désormais à 40 mille francs Cfa. Pendant que celle de troisième cycle, 60 mille francs, connaît une hausse de 5 mille francs avec 65 mille francs Cfa. N’en finissant pas de gaver les étudiants pour faire oublier le drame de Fallou Sène, le chef de l’Etat baisse aussi du prix des tickets de restauration. Lesquels seront désormais de 50 francs pour le petit déjeuner au lieu de 75 francs et de 100 francs contre 150 francs pour le repas de midi. Et les aides ? Rien à signaler pour ce reste de la troupe qui constitue la grande majorité des étudiants des universités. Rien non plus sur les étudiants sénégalais de l’étranger, s’il est vrai qu’on veut changer les conditions d’existence des étudiants et non de faire de la récupération politique dans cette couche où le pouvoir en place sait qu’il est gravement rejeté.
Autant de mesures alimentaires annoncées, hier, à l’issue de sa rencontre avec les étudiants qui poussent à dire que Macky Sall cherche vaille que vaille à dissiper la colère des étudiants, en grève depuis près de deux semaines. Mais la question qui taraude est de savoir pourquoi un Etat qui n’arrive pas à payer des bourses à temps peut subitement consentir cet effort financier colossal pour apaiser la colère estudiantine ? Cela, après la hausse de l’indemnité de logement accordée récemment à tous les enseignants. Des mesures qui vont continuer à alourdir les finances publiques en ces temps de tension de trésorerie et/où la masse salariale ne cesse de gonfler à un rythme qui inquiète les partenaires techniques et financiers du Sénégal, notamment le Fonds monétaire international (Fmi) et la Banque mondiale.
A noter que les étudiants de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis d’où est tombé Fallou Sène ont boycotté cette rencontre avec chef de l’Etat. Ils continuent de réclamer le départ des ministres de l’Enseignement supérieur (Mary Teuw Niane), de l’Economie, des Finances et du Plan (Amadou Bâ) et des Forces armées (Augustin Tine). La probabilité de la mise en ouverte d’une telle doléance des étudiants reste faible, au risque de montrer que le pouvoir recule une énième fois sous la pression populaire.
Seyni DIOP