Les étudiants sénégalais demandent la tête des ministres de l’Enseignement supérieur, Mary Tew Niane, de l’Economie et des Finances, Amadou Ba et
même des Forces armées Augustin Tine après la mort de l’étudiant Fallou Sène, âgé de 26 ans, lors de manifestations des étudiants, il y a de cela quelques jours, à Saint-Louis. Mais Serigne Mansour Sy Djamil, marabout et homme politique sénégalais, membre de Leral Askan Wi, soutient que le président de la République est aussi responsable. «C’est le gouvernement qui, collectivement, est responsable. C’est le Président qui doit sauter. C’est le fonctionnement du système», a dit M. Djamil, ce vendredi lorsqu’il était venu assister à la présentation du livre de Omar Guèye, professeur d’Histoire à l’université de Dakar. Le livre de M. Guèye, intitulé «Mai 1968 au Sénégal : Senghor face aux étudiants et au mouvement syndical» et publié en 2017 aux éditions Karthala en France, montre la contribution de l’Eglise notamment des pères dominicains lors des manifestations des étudiants en mai 1968 au Sénégal. L’auteur soutient et démontre que les pères, coreligionnaires du président de la République, s’étaient opposés à lui en faveur des étudiants. La présentation est faite dans le cadre de la commémoration de mai 68.
Mansour Sy Djamil dit, pour sa part, que mai 68 est «célébré» en 2018 sous le régime de Macky Sall, «de manière tragique». Ce à cause de la mort de l’étudiant Fallou Sène, tué par balle en ce mois de mai. Cela porte à deux le nombre d’étudiants tombés sous les balles sous son mandat. Pour le leader de Bess du Niakk, de mai 1968 à mai 2018, les gens ont toujours manifesté pour des «notions de justice violée». D’après Mansour Sy Djamil, il y a une «continuité des mêmes problèmes depuis 50 ans».
La bourse, plus spécifiquement, est à la base du problème des étudiants en mai 1968. Elle l’est aussi en mai 2018. «Il n’y a pas de changement par rapport à la responsabilité de l’Etat, par rapport aux morts d’étudiants», dit Serigne Mansour Sy Djamil. A l’en croire, «beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et cela n’avance pas».
Les étudiants ont organisé des manifestations pacifiques après la mort d’un des leurs. Pour Mansour Sy Djamil, ces manifestations sont un appel au dialogue que le gouvernement doit davantage les écouter.
Emile DASYLVA