CONTRIBUTION
Les récents évènements sanglants à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis n’ont laissé aucun Sénégalais indifférent. Ils nous interpellent tous à réfléchir à des solutions pertinentes et durables. Le problème de l’Université se résume, selon nous, à l’inexistence d’un modèle financier efficace et viable. C’est ainsi que nous proposons un modèle financier de l’enseignement supérieur.
L’Université sénégalaise ne cesse d’être perturbée par des crises récurrentes liées au social et au pédagogique. Chaque fois, des débats, des séminaires, des assises, etc., trop riches en émotions, en informations, en belles phrases et intentions, mais trop pauvres en solutions, sont organisés. Et le statu quo continue. La situation de l’université est caractérisée par l’irrégularité du paiement des bourses, des vacataires qui travaillent toute une année sans être payés, une capacité d’accueil insuffisante, des menus du restaurant à la limite non comestibles, des chambres des cités universitaires surchargées, un calendrier académique désarticulé, un système Lmd non maîtrisé qui peine à rompre avec l’ancien système, etc.
L’enseignement, comme la santé, coûte excessivement cher. Sans un modèle financier pertinent, réaliste et efficient, l’université sera toujours secouée par des crises sanglantes comme celle que nous venons de vivre récemment. Elle ne pourrait, en outre, remplir aucun contrat de performances quels que soient la volonté et les sacrifices des acteurs. C’est pourquoi, dans le cadre du projet de revenu de base généralisé associé à une assurance maladie obligatoire (en d’autres termes projet Rbg-Amo), nous proposons un modèle financier basé sur l’octroi d’une bourse universelle de 100 000 F Cfa à tous les étudiants. Ce modèle financier apportera à l’université plus de 20 milliards chaque année, une somme équivalente au crédit octroyé à l’Etat par la Banque mondiale durant cinq ans au titre des Contrats de performances (Cdp). Cette manne hors masse salariale permettra de faire face au paiement des vacataires, à l’équipement des laboratoires et des plateaux de recherche, à la documentation bibliothécaire, etc. Le patrimoine matériel des cités universitaires sera loué à des prestataires qui vont se charger de l’exploitation. Leurs prestations ne sont pas subventionnées, ce qui rétablit l’équité, en supprimant l’inégalité d’accès aux œuvres universitaires et sociales en faveur des étudiants qui vivent à l’intérieur des cités universitaires. Le modèle financier des études supérieures dans les pays développés tels que l’Angleterre et les Usa est basé sur l’octroi de crédits bancaires aux étudiants. Ce modèle efficace dans un contexte favorable à l’accès de ressources humaines qualifiées à l’emploi est en train de montrer ses limites. Les étudiants s’écroulent sous le poids d’un endettement excessif non remboursable dans une situation où l’emploi se fait rare. Par contre, notre modèle financier, adapté aux pays pauvres et sous-développés, mutualise le crédit accordé par l’Etat sous forme de bourse universelle. Les étudiants bénéficiaires de ce système doivent verser comme contrepartie (à titre indicatif) 1 % de leur revenu durant leur vie active. Cela permet de réduire la contribution de l’Etat au financement de l’enseignement supérieur pour s’en affranchir définitivement à long terme. Notons que, dans des pays caractérisés par la rareté de l’emploi comme le nôtre, la mutualisation du crédit prend tout son sens : les plus chanceux qui ont des revenus vont compenser le déficit provoqué par les moins chanceux dépourvus de revenus ou décédés.
Que Dieu accueille Mouhamadou Falilou Sène au paradis et bénisse sa famille !
Pour plus d’information sur le projet Rbg-Amo, visitez notre chaine youtube.
Dr. Abdoulaye TAYE
Initiateur et Promoteur du Projet RBG-AMO