Il a présenté publiquement ses excuses, mais le coup est déjà parti. Ses propos controversés sur le conflit israélo palestinien et son renoncement à la confrérie tidiane peuvent lui coûter des voix en 2019.
Les apéristes sont en train certainement de rire sous cape. Ils se gardent d’entrer dans cette controverse, mais ils doivent se frotter les mains et prier pour que cette polémique née des propos d’Idrissa Seck sur l’islam dure le plus longtemps possible. Et pour cause, le leader de Rewmi est vu par de nombreux observateurs comme un sérieux prétendant à la prochaine élection présidentielle, dont le 1e tour est fixé au 24 février 2019. Mais il risque de laisser des plumes dans ce débat qui va profiter, à n’en pas douter, à son «ennemi» intime, le président de la République, candidat à sa propre succession.
En effet, en affichant ostensiblement son appartenance à la confrérie mouride, Idrissa Seck risque de se mettre à dos une bonne partie des disciples tidianes. «J’ai la volonté inébranlable de devenir un fervent musulman et le désir d’être un fidèle talibé mouride dont la soumission est agréée par Serigne Touba», a déclaré Idrissa Seck, en répondant à Sidy Lamine Niass qui l’a accusé d’avoir renié sa foi musulmane.
Certes, ce n’est pas la première fois que l’ancien maire de Thiès et actuel président du Conseil départemental de cette ville affirme sa mouridité. L’ancien Premier ministre et président de Rewmi, a renouvelé son acte d’allégeance au nouveau khalife général des mourides Serigne Mountakha Mbacké Bassirou, vendredi 12 janvier après la prière de tisbar. A la question de savoir s’il appartient bien à la confrérie mouride, «parfaitement, bu werra werr», répond l’ancien maire de Thiès cité par Dakaractu. Lequel précise que le nouveau khalife général des mourides a accepté et formulé des prières pour lui et sa délégation. «Au-delà d’être un marabout pour moi, il est un père», dira Idrissa Seck qui prie pour que Serigne Mountakha ait «un khalifat long et fructueux». Ainsi, ce qui était considéré par certains comme une rumeur, est devenu une certitude. Et des tidianes ne manqueront pas de se sentir frustrés en sachant qu’Idrissa Seck, originaire de Thiès, tout près du bastion de la confrérie tidiane leur a publiquement tourné le dos.
Outre les inconditionnels tidianes, le leader de Rewmi, candidat à la prochaine élection présidentielle, s’est surtout mis à dos les «intégristes» musulmans. Il a présenté ses excuses aux musulmans qui se sont sentis offensés par ses propos, il a ensuite précisé que ses deux aspirations d’être musulman et mouride sont incompatibles avec l’image que certains tentent de lui coller et qu’elles «ne peuvent pas s’accommoder avec cette légèreté tendant à faire croire aux gens qu’Idrissa Seck est en train de remettre en cause la légitimité du prophète Mouhamed (Psl) et la Kaaba comme direction pour la prière musulmane», mais le coup est déjà parti. Et il ne fait pas de doute que cette polémique lui coûtera des voix chez les imans et prédicateurs. Et pour cause, la Ligue des Imams et prédicateurs du Sénégal s’est s’offusquée de son «blasphème et de l’acte d’apostasie». Ces religieux qui ont jugé «maladroite» sa sortie, soulignent que son verbe et sa «manière arrogante» d’utiliser la religion heurtent la conscience de tout croyant musulman, fulminent le Secrétaire général de la Ligue, Imam Ahmad Dame Ndiaye et ses amis.
Toutefois, dix mois sous séparent du scrutin présidentiel, tout est donc possible. Et en fin politique, Idrissa Seck peut bien renverser la tendance.
Charles Gaïky DIENE