Au troisième jour des plaidoiries, les avocats de la défense ont accusé le parquet d’avoir confondu «djihadisme» et «terrorisme», dans l’affaire Imam Ndao et ses 29 co-accusés.
Des propos qui vont certainement donner lieu à des répliques du procureur de la République.
Les avocats de la défense continuent de mener la bataille pour tirer d’affaires leurs clients, accusés de terrorisme. Pour se faire, ils ont tenu à donner leur opinion sur le «djihad». Au troisième jour des plaidoiries, hier mardi 22 mai 2018, la confusion qu’aurait faite le parquet à propos des termes «djihad» et «terrorisme» a servi de cheval de bataille à la défense. Non sans oublier de faire le point sur l’association des Ibadou Rahman. «Personne ne peut définir le terrorisme. Penser que le djihad est mené par les Ibadou Rahmane, c’est ne pas comprendre le djihad. Le mouvement salafiste n’a rien à voir avec le djihad. Dans ce dossier, on a confondu le djihad et le terrorisme. Voilà un dossier très complexe parce qu’il réunit des considérations d’ordre religieux et philosophiques. On est en train de diviser le monde en deux globes, le monde arabo-musulman et le monde Judéo-chrétien», a soutenu Me Bamba Cissé, avocat d’Amy Sall et d’Alioune Badara Sall. Selon ce dernier, l’Islam est une religion de paix, c’est ce que prônent les Ibadous. Et pour les comprendre, il faut remonter au Prophète. «Le fait d’avoir une barbe relève de la Sunnah (tradition prophétique). Le fait de mettre une voile est une obligation. Le fait qu’elle (Amy Sall) est voilée ne veut pas dire qu’elle est terroriste. Le Sénégal n’a pas connu d’attentat terroriste. On peut vivre l’Islam au Sénégal et pas la Charia», estime-t-il.
Pour Me Ndoumbé Wone, Amy Sall doit être acquittée. Elle est tout simplement victime de son mariage. «Son mari est terroriste. Donc elle doit forcément être terroriste. On ne peut arrêter et condamner une épouse parce que son mari est arrêté. C’est de la détention arbitraire. On se marie pour le meilleur et pour le pire. Le pire, c’est ce mariage», clame Me Ndoumbé Wone, avocate de cette dernière. Pour qui sa cliente a été arrêtée en 2015 à des heures imbues et entendue en même temps. «Elle a été arrêtée le 25 octobre 2015 à 4 heures du matin et auditionnée à 6h 28mn. Pendant 5 cinq jours, elle n’a vu aucun membre de sa famille. Au moment de son arrestation, elle dormait avec quatre enfants et ces derniers sont traumatisés à vie», déplore-t-elle. Et d’ajouter : «La réception d’un portable n’établit pas le crime de financement. Amy Sall n’était pas au courant de ses remises. Elle vivait aux crochets de sa famille. C’est à la veille du baptême de la sœur de Makhtar Diokhané que Coumba Niang lui avait remis 500 euros pour payer le transport et payer ses dettes. Amy Sall est victime d’un mariage et elle assume son choix», a fait savoir l’avocate.
Pour sa part, Me Ababacar Cissé, lui aussi avocat de Alioune Badara Sall, de dire que son client n’est jamais sorti du territoire national. Il n’a posé aucun acte encore moins un fait de terrorisme. «Force doit rester à l’article 2 de la loi 2002. Il n’y a ni conversion, ni dissimulation de l’agent provenant d’un crime ou d’un délit. L’argent confié à Alioune Sall par Makhtar vient-il d’un crime ou d’un vol ? Comment un entrepreneur peut demander à un client d’où vient ton argent. Les maitres coraniques construisent des Daaras. C’est une montagne qui accouche d’une souris sans la moindre démonstration», a exposé Me Cissé.
Salif KA