Le gouvernement semble admettre l’existence d’une famine dans une bonne partie du Sénégal, selon l’ancien Premier ministre.
Abdoul Mbaye voit en effet dans la mise en place d’un Plan d’urgence pour la sécurité alimentaire 2018 (Pusa) d’un montant de 11 milliards francs Cfa qui a été validé par le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne, une reconnaissance par l’Etat de la famine. «Enfin l’aveu de famine par Macky Sall et sa coalition malgré le taux de croissance miraculeux de 7,2 %», déclare Abdoul Mbaye, ajoutant qu’un communiqué du Conseil national de sécurité alimentaire du 18 mai 2018 renseigne sur un programme de lutte contre la faim dans six départements du Sénégal, et pour sauver 397 863 unités de bétail dans dix autres.
Une étude publiée au mois d’avril par le Conseil national de sécurité alimentaire (Cnsa) a révélé que l’insécurité alimentaire guette plus de 750 000 personnes, soit environ 47 000 ménages dans six départements du Sénégal. Et si rien n’est fait d’ici la période de soudure qui commence au mois de mai, ce beau monde risque d’avoir des difficultés pour manger à sa faim. Les principales localités concernées sont essentiellement Tambacounda, Podor, Matam, Ranérou, Kanel, et Goudiry.
Le 1er chef du gouvernement du Président Macky Sall rappelle que leurs nombreuses tournées dans les zones rurales leur avaient permis de constater la réalité d’une «campagne agricole désastreuse» suivie de difficultés vécues par les paysans à pouvoir vendre leurs maigres récoltes d’arachides. «Nous n’avons cessé de dénoncer les mensonges statistiques du régime de Macky Sall, et tout particulièrement une croissance économique de 7,2 % en 2018 présentée comme reposant principalement sur un doublement de la production vivrière et une augmentation de 40 % de la production d’arachide du Sénégal», poursuit-il.
«Après l’aveu de l’impossible autosuffisance en riz en 2017 pourtant défendue jusqu’en juin 2017 par des augmentations de production absolument irréalistes et mensongères, après le demi-aveu d’une pauvreté en progression dans le pays par le chef de l’État lors de son discours de fin d’année, voilà celui que nous attendions portant sur l’extension de l’extrême pauvreté et de la faim dans plusieurs départements du Sénégal», martèle l’ancien Premier ministre. «Que reste-t-il donc pour justifier cette croissance miraculeuse annoncée à 7,2 % en 2018 ?» s’interroge Abdoul Mbaye qui espère ainsi que le Fond monétaire international (FMI) et autres institutions commenceront enfin à entrouvrir leurs yeux et leur expertise sur cette «lourde contradiction» entre la richesse présentée galopante de la nation et l’extension de la faim dans notre pays. «Espérons aussi que les distributions de vivres et de soutiens annoncées seront organisées au profit des véritables concernés et non à des fins électoralistes et bassement politiciennes comme trop souvent par ce régime», conclut l’ancien chef du gouvernement.
Charles Gaïky DIENE