Quand on touche à l’un d’entre eux, c’est toute la communauté qui réagit.
Les étudiants en ont donné la preuve ce mardi avec cette marche spontanée organisée à Ziguinchor pour dénoncer les répressions policières qui tournent parfois au drame, comme ce fut le cas hier à l’université Gaston Berger.
(Correspondance) – «Nous ne sommes pas des animaux, mais des êtres humains». Au-delà de ce slogan scandé hier dans les rues de Ziguinchor, les étudiants de l’Université Assane Seck ont voulu, une bonne fois pour toute, rappeler aux forces de sécurité qu’elles se trompent de cibles en tirant, parfois à balles réelles sur eux. La mort hier d’un étudiant dans le campus social de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis semble confirmer l’usage excessif de la force contre des étudiants. Ce drame a été, d’ailleurs, à l’origine de la marche improvisée organisée par les étudiants de la capitale du Sud. Il s’est agi, pour eux, de s’associer à la douleur de la grande famille estudiantine, mais aussi de dire halte à toutes ces bavures «qui coûtent la vie à des étudiants qui ne font que réclamer leurs droits». Hélas, pour ces manifestants, la liste des victimes tombées dans ces temples dits du savoir commence à être longue. Les marcheurs se souviennent en effet de la disparition de l’étudiant Balla Gaye, tombé sous les balles des policiers, lors d’un mouvement d’humeur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Des années plus tard, Bassirou Faye perdra la vie dans des circonstances similaires. Hier, c’était au tour de Fallou Sène d’être mortellement atteint d’une balle d’un gendarme à la gâchette facile. Comme ses défunts prédécesseurs, le jeune homme a été victime de l’usage disproportionné de la force par des gens censés pourtant assurer la sécurité des citoyens.
Ces morts en série dans des lieux censés protégés par les franchises universitaires ont fini d’agacer les étudiants de l’université Assane Seck de Ziguinchor. Surtout que jamais, la lumière n’a été faite sur ces cas. «Ces affaires qui ont toujours été entourées d’un flou volontaire sont étouffées plus tard par des autorité», déplore un étudiant. Mais, cette fois-ci, les étudiants sont prêts à aller jusqu’au bout pour que l’auteur de la mort de Fallou Sène soit identifié, jugé et puni. C’est d’ailleurs la prochaine étape du combat de ces jeunes qui exigent par ailleurs la démission du ministre de l’Enseignement supérieur, Mary Teuw Niane et de son collègue de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye.
Mamadou Papo MANE