CONTRIBUTION
On n’a pas fini de filer la lourde métaphore créée par les communicateurs tradi-modernes, ces journalistes qui ont réalisé la fusion parfaite de leur métier avec celui des communicateurs traditionnels, afin de troquer leurs éloges contre les dons trébuchants de Mackyavel.
Les manifestations scolaires et démocratiques du mois d’avril ont été marquées par l’irruption d’acteurs non conventionnels sur la scène de la répression. Ces civils qu’on a vus, sur les vidéos, brutaliser des manifestants sont forcément des civils. L’éclairage du colonel Ndaw fait comprendre que les policiers et gendarmes en civil, affectés à des tâches de renseignement, sont suffisamment formés pour ne pas se transformer en tortionnaires devant tout le marché Sandaga. On a alors indexé les Asp. Sans absoudre toutefois les policiers accusés d’actes de torture sur les interpellés du 19 avril, dans le secret des commissariats.
Le recours à une milice d’Etat est une pratique habituelle des dictatures, permettant de contourner les contraintes légales de l’action des forces régulières. Aux Antilles, on appelle cette pratique macoutisme, du nom des «tontons macoutes», ces Volontaires de la sécurité nationale qui furent les bras armés de la dictature de Duvalier. On va vers un macoutisme sénégalais ou «mackoutisme» dès lors que les Asp participent à la répression contre les opposants, en violation des missions définies dans le décret 2013/1063. Serigne Moustapha Sy de «Bess du ñakk» avait alerté, dès 2013, sur cette régression démocratique et appelé à «barrer la route aux tontons macoutes».
Il ne s’agit pas de jeter l’opprobre sur ces 10 000 jeunes chômeurs dont la détresse sociale est manipulée au nom de la conservation du pouvoir. Ils souffrent d’une profonde injustice que certains d’entre eux ont dénoncée lors de la fête du 1er mai, avec des arrestations à la clé. Ils protestaient contre leur statut fait d’une succession de Cdd clairement interdite par le Code du travail. Et des «salaires» de 50 000 F. Les engager dans des actions illégales, c’est engager leur responsabilité personnelle dans la commission d’actes punis par la loi et les conventions internationales. Il n’y a pas pire mackyavélisme que de piéger de jeunes chercheurs d’emploi en vue de les convertir en «tontons macoutes» surexploités et sous-payés qui, demain, seront à la rue, abandonnés à eux-mêmes et, peut-être, pourchassés.
Mais les péripéties de la grève scolaire révèlent la limite du mackyavélisme. La patience et la détermination des enseignants et, surtout, des élèves ont activé la «dévolution conjugale du pouvoir», selon la saignante formule d’un facebooker. Le respect est revenu et une solution espérée. C’est une combativité égale ou supérieure qui permettra aux citoyens d’arracher leur droit à une élection présidentielle équitable, sans manipulations ni fraudes.
Ancien député
Secrétaire général du Mps/Selal