C’est le seul interrogatoire qui a duré deux jours depuis le démarrage du procès Imam Ndao et de ses 30 co-accusés de terrorisme.
Makhtar Diokhané a poursuivi, hier, ses révélations entamées lundi. Répondant aux questions et contre-arguments de ses avocats, il restitue les conditions de son arrestation au Niger.
Son nom était cité à maintes reprises avant son passage devant la barre de la chambre criminelle de Dakar. C’est, peut-être, la raison pour laquelle l’interrogatoire de Makhtar Diokhané s’est étendu sur deux jours. Après le juge Samba Kane et le représentant du ministère public, le présumé terroriste a répondu, hier, aux questions de ses avocats. A cette occasion, il est revenu, de façon détaillée, sur son arrestation au Niger. «J’ai été arrêté au Niger. C’était à la suite de la conversion en euros des 7 millions de nairas que m’avait donnés Aboubacar Shekau (guide de la secte Boko Haram, Ndlr). C’était juste pour en offrir une partie à Moussa Aw que j’avais trouvé dans ce pays. Dans les interrogatoires, il m’était revenu que ce sont les autorités sénégalaises qui ont commandité mon arrestation», révèle-t-il, répondant au juge qui s’enquerrait de son passage au Niger. «Vu les questions que les policiers nigériens posaient et les tortures exercées sur moi, j’avais l’impression qu’ils me prenaient comme un espion dans leur pays», ajoute-t-il.
Diokhané de révéler qu’il a été arrêté avec un Français qui a bénéficié d’une relaxe du fait que ce dernier passait son temps à pleurer. «On m’a arrêté en même temps qu’un blanc. Lorsque ce dernier a commencé à crier de toutes ses forces, ils l’ont libéré et ils m’ont conduit du fait de la couleur de ma peau à la prison de Zinder», explique-t-il devant la barre. Et dans cette prison, il aurait subi, selon ses dires, des brimades atroces. «J’y ai subi toutes sortes de tortures. Dans cette affaire, je risquais deux délits. Le premier est lié au fait que j’ai fait sortir mes co-accusés des bastions de Boko Haram alors que j’ignorais les raisons de leur présence dans ces lieux. Le deuxième est celui de mon retour au Niger pour assister certains de mes co-accusés qui ont été arrêtés là-bas. J’ai été même auditionné par le juge d’instruction avant d’être extradé au Sénégal», narre-t-il. «Je suis un patriote. Vu tous les sacrifices que j’avais consentis à propos de l’arrestation de mes frères au Niger jusqu’à subir le même sort qu’eux, je devais être décoré par les autorités de mon pays. Mais je mets tout sur le compte du destin», dit-il.
Salif KA
(Stagiaire)