Les enseignants violentés lors de leur marche organisée à Ziguinchor bénéficient du soutien des inspecteurs de l’Education et des enseignants du Supérieur.
Ces deux entités ont condamné énergiquement les actes des forces de l’ordre.
La marche réprimée, jeudi dernier à Ziguinchor, des enseignants du Groupe des six syndicats les plus représentatifs du secteur de l’Education, continue de susciter des indignations. Après les organisations de défense des droits de l’Homme et la coalition des syndicats d’enseignants non représentatifs (l’Inter cadre), c’est au tour du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) d’étaler son «amertume, son indignation et sa consternation». «Le Saes estime que ce n’est ni dans la terreur, ni dans l’intimidation que la crise scolaire sera réglée. Aucune solution viable ne pourra être trouvée sans un dialogue sincère sous-tendu par un respect scrupuleux de la dignité du corps enseignant. A l’administration, nous demandons la neutralité, l’impartialité et le respect de la déontologie qui font parties des fondements de la République. Aux forces de l’ordre, nous demandons de faire preuve de retenue et de respect de la dignité des citoyens que nous sommes. Le Saes renouvelle toute sa solidarité aux camarades du G6 et reste plus que jamais attaché à un système éducatif de qualité», note le communiqué de cette organisation syndicale.
Secrétaire général de ce syndicat, Malick Fall et ses camarades appellent les acteurs de l’Education et le gouvernement à se retrouver autour d’une table pour un règlement définitif de toutes les questions qui font l’objet de crispation.
Outre les enseignants du Supérieur, les inspecteurs de l’Education, regroupés dans le Syndicat des inspectrices et inspecteurs de l’éducation du Sénégal (Siens), condamnent l’acte des forces de l’ordre. «Le Jeudi 12 avril 2018 sera à marquer d’une pierre noire dans notre vivre ensemble. Car, il est matérialisé par une inflexion inquiétante dans la méthodologie de gestion de la crise qui sévit dans le secteur de l’éducation et de la formation avec le matraquage et le gazage de nos camarades du «G6». Ces derniers, conformément au cadre juridique et réglementaire organisant la liberté d’expression au Sénégal, n’ont voulu qu’user d’un droit consacré par la constitution et conforme à nos engagements en matière syndicale et de droits humains», indiquent El Cantara Sarr, Secrétaire général de ce syndicat, et ses camarades. Lesquels affirment que «cette rupture notée dans l’attitude du régime, qui a violemment usé de la puissance publique est un aveu et un indicateur dans sa volonté d’intimider et de tracer une ligne rouge sous le couvert de troubles et d’atteinte à la sécurité publique». Et ces inspecteurs d’ajouter que cette «dérive traduit manifestement un signal en direction des forces sociales en lutte afin de marquer une nette rupture entre le champ du dialogue, de la négociation et celui du rapport de force en opérant une inversion vers l’argument de la force en lieu et place de la force de l’argument».
Le Siens estime qu’en agissant ainsi, le gouvernement se démarque et se met hors-jeu car, en parfaite contradiction avec les engagements de l’Etat du Sénégal en matière de droits humains, de principes démocratiques et de liberté d’expression. «Le Syndicat des Inspectrices et Inspecteurs du Sénégal s’oppose de manière radicale à cette approche des questions sociales, condamne avec la dernière énergie cette dérive autoritaire qui sape les fondements de l’État de droit. Il exprime sa profonde sympathie et sa plus grande solidarité avec le «G6» et toutes les forces sociales en lutte pour le respect du droit à la revendication, dans le cadre défini par les lois, règlements et conventions auxquels le Sénégal a librement souscrit et qui fondent notre État de droit ainsi que notre fierté d’être des citoyens de ce pays», relève le document.
Mamadou GACKO