L’interrogatoire des accusés a démarré hier, au procès des 30 présumés terroristes. Mamadou Ndiaye alias Abou Youssouf qui a ouvert le bal a reconnu avoir été aux côtés de Bokko Haram.
C’est le début des interrogatoires au procès Imam Ndao et consorts. L’accusé Mamadou Ndiaye alias Abou Youssouf a ouvert le bal, hier mardi 10 avril 2018. Devant le juge, il a changé de version en niant les aveux faits à l’enquête préliminaire. Même soumis au feu roulant des questions des juges et du procureur, l’accusé ne cède pas. Mais alors, qu’est-ce qui explique ses voyages entre le Sénégal et le Nigeria et son projet de rallier la Libye et la Syrie ? Réponse de l’accusé : «j’ai été au Nigéria dans les zones de turbulences. J’ai fait 6 mois là-bas. J’avais voulu rallier la Libye et la Syrie pour bien vivre ma religion. Je suis musulman, je ne veux pas assister à ce qui se passe dans mon pays, le Sénégal. Parce que c’est banni par la religion musulmane.»
Plusieurs accusations pèsent sur Mamadou Ndiaye, surnommé Abou Youssouf, notamment actes de terrorisme, menaces et complot visant l’installation d’une base terroriste, financement de terrorisme, blanchiment d’argent, etc. Mais, en reconnaissant les faits, il semble tomber dans le piège des juges. «J’ai assisté à une réunion secrète à Rosso au courant 2012 dans le but d’organiser un voyage en Syrie. La réunion a volé en éclats parce que tout le monde n’était pas d’accord. Par la suite, un certain Moustapha Gueye est venu pour qu’on parte ensemble en Syrie pour étudier. Je ne me souviens plus du nombre de participants», a-t-il déclaré. Mais ce voyage n’a pas eu lieu à cause des divergences.
Un autre est venu pour lui proposer d’aller au Nigeria où il aurait vécu 6 mois avec d’autres Sénégalais dans les zones conquises par les terroristes de Boko Haram. «C’est Ibrahima Bâ qui m’a donné de l’argent pour partir au Nigeria. On m’avait convaincu que là-bas, on vit l’islam. Je suis l’ami de son petit-frère, Baïdy. On était trois à raison de 200 000 francs Cfa pour chacun. Nous sommes passés par Kaolack en bus pour rallier la Mauritanie et le Niger avant de nous rendre en Nigéria», se rappelle-t-il. Puis, révèle : «J’étais à Abâdân, une zone des terroristes. J’ai fait 6 mois au Nigéria. J’ai participé à la bataille de Goza. J’ai appris à tirer des rafales et à conduire des chars. Cheikh Ibrahima Dieng est décédé dans ces combats. Pour Moussa Mbaye, je ne peux ni confirmer ni infirmer sa mort.»
Dans sa lancée, il annonce que, à son arrivée au Nigéria, il a été accueilli par les soldats de Boko Haram avec l’aide des numéros de téléphone que lui avait remis Ibrahima Ba. «Ce sont des motoristes qui étaient venus nous prendre. Ils sont de Boko Haram. C’est Ibrahima Bâ qui m’a donné le numéro. Je suis monté à bord d’une des motos. On était trois sur les deux motos. J’ai trouvé des Sénégalais au fief de Boko Haram». A son retour, dit-il, il s’est rendu nuitamment à Kaolack, chez imam Ndao, mais il ne l’avait pas vu. Le matin de bonheur, lui et ses amis sont retournés à Kaolack. Pour l’initiative de partir en Libye, il raconte : «Abou Hamza est un ami. Il est en Libye. Il m’avait remis 200 000 francs plus les 200 000 FCfa que j’avais par devers moi. C’était pour trois personnes. Je voulais sortir du pays. Parce que j’avais eu échos du projet des autorités de vouloir m’emprisonner à mon retour du Nigeria.». Entre autres révélations, Mouhamadou déclare avoir utilisé l’application télégramme sur son téléphone. «Je l’utilisais pour des appels. Je communiquais avec des gens de l’extérieur en Libye. Moustapha Diop m’a fait savoir que j’encours des poursuites», dira-t-il.
Le procès reprend ce mercredi avec la poursuite de l’interrogatoire des accusés.
Salif KA (Stagiaire)