CONTRIBUTION
L’annonce de la condamnation du Maire de Dakar, Khalifa Sall, à une peine de 5 ans a suscité une colère noire de ses partisans. En effet, ce jugement est difficile à être accepté car il draine des contradictions évidentes. Pour mieux les saisir, il suffit de se situer à deux niveaux.
Le premier niveau concerne le mécanisme d’acquisition des fonds à partir du Trésor public. La Mairie avait coutume de présenter des factures d’un Gie pour achats de biens à redistribuer à la population pour des actions de bienfaisance. Suite à cette réclamation partielle, elle recevait mensuellement une somme de 30 millions de francs Cfa.
Le second niveau est le processus de redistributions des fonds récoltés par le biais du processus décrit au premier niveau. Leurs montants s’élèvent à 1,8 milliard selon l’Etat du Sénégal qui le lui réclame. Le détournement n’est pas clairement établi. D’ailleurs, le jugement annoncé est accord avec cette assertion. Le maire de Dakar y sort blanchi de toutes formes de détournement. En conséquence, le remboursement des fonds n’a pas requis.
C’est au niveau de la première étape que Khalifa et sa mairie ont été épinglés pour faux et usage de faux. Et c’est également pour ce délit que le jugement rendu le condamne pour 5 ans ferme de prison avec une amende de 5 millions de francs Cfa. Comme ce mécanisme avait été installé au niveau de la mairie depuis belle lurette, il faudrait se référer à l’historique afin de se prononcer sur une réelle motivation et intention d’usage de faux. D’ailleurs, mon cousin, Diop le maire a témoigné de l’existence de ce mécanisme durant sa glorieuse gestion de cette institution. De même, son successeur, Pape Diop l’a également reconnu et soutenu Khalifa Sall.
Si la Mairie de Dakar avait bel et bien acheté du riz de la Gie pour le redistribuer, elle n’aurait pas été épinglée mais aurait eu des difficultés à répondre à certaines urgences nécessitant de la liquidité. Le mécanisme d’achat virtuel de biens avait été installé au niveau de la mairie pour récolter ce fonds. Quelle avait été la complicité de l’Etat durant son installation initiale ?
En reconnaissant la culpabilité réelle de Khalifa Sall, le jugement devrait exiger le partage de la chambre de prison avec Pape Diop. En effet son ancien «goro», Mamadou Diop n’a malheureusement pas assisté à ce jugement. Son créateur lui a permis, en début de semaine, de se soustraire à cette condamnation. Que Dieu, le tout puissant, l’accueille dans son Paradis !
En réalité, on n’avait pas besoin d’emprisonner Khalifa Sall, mais de le juger. Il n’avait aucun intérêt à s’enfuir ou à influencer le jugement. Pourquoi lui avait-on refusé la liberté provisoire après le dépôt de sa caution ?
Pourquoi l’Assemblée nationale avait-elle introduit le processus de lui enlever une immunité parlementaire qu’elle ne lui avait pas reconnue au moment de son investiture ?
Pourquoi l’Assemblée nationale avait-elle hâté et bâclé le processus de levée de l’immunité parlementaire de Khalifa Sall ?
D’autre part, une justice ne doit pas être partisane. En effet, d’autres rapports de l’Ige avaient préalablement épinglé des personnalités qui ont vite rejoint l’Apr pour éviter toute forme de remboursement et de jugement.
«Si tu ne peux pas être impartial, alors cède ton pouvoir aux justes»
Pour toutes ces raisons, le doute est permis et les contradictions du jugement rendu flagrantes.
Dr Youssou GNINGUE,
Chair, Mathematics and Computer Science Department,
Laurentian University, Canada