Alors que Michel Platini et Joseph Blatter vaquent librement à leurs occupations malgré des procédures judiciaires, Lamine Diack est toujours privé de sa liberté de mouvement par la France.
Pourtant, le juge Van Ruymbeke qui le prend en otage vient de se désister spectaculairement dans la mise en examen de l’ex-président Nicolas Sarkozy qui peut pousser un ouf de soulagement.
Parce qu’elle veut le fils, Pape Massata, la justice française prend en otage l’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (Iaaf), Lamine Diack, poursuivi pour corruption passive et blanchiment aggravé. Depuis deux ans et demi, il est coincé dans quelques mètres carrés à Paris alors que d’autres occidentaux qui ont été soupçonnés de faits de corruption plus grave dans le sport européen et mondiale, comme Michel Platini et Joseph Blatter, suspendus pour huit ans de toute activité liée au football par le comité d’éthique de la Fédération internationale de football (Fiafa), continuent de vaquer tranquillement à leurs occupations. Pourtant, il leur est reproché d’avoir «abusé» de leur position et sont coupables de «conflit d’intérêt» et de «gestion déloyale».
Fort de cette injustice qui dure, des organisations sénégalaises de défense des droits de l’homme, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho), la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh) et le Forum du justiciable (Fj), sont sorties de leur réserve, hier, pour interpeller les autorités sénégalaises et françaises sur la situation de Lamine Diack afin de ne pas laisser les Français le pendre haut.
Même si l’ambassade de France à Dakar clame que c’est l’indépendance de la justice, M. Diack est surtout retenu par la volonté d’un seul homme : le juge Renaud Van Ruymbeke. Lequel vient de faire un revirement spectaculaire dans la mise en examen de l’ancien président français, Nicolas Sarkozy. Son désaccord avec l’autre juge du pôle financier, Serge Tournaire, a ainsi pu profiter à l’ex-chef de l’Etat français poursuivi pour «corruption» et «trafic d’influence» dans l’affaire dite «des écoutes», en lien avec le dossier Bettencourt. Cela, pour «financement illégal» de sa campagne présidentielle de 2012. Habitué aux dossiers politico-financiers sensibles, Van Ruymbeke ne voulait pas qu’on convoque l’ancien président. Ce qui est inadmissible si on doit appliquer le droit dans toute sa rigueur. Pour le blanc, Sarkozy, il semble manifesté un certain état d’âme alors que pour l’Africain Diack, il affiche une certaine intransigeance.
Un tel comportement prouve que la justice française fait ce qu’elle veut. Et l’Etat du Sénégal, malgré ses actions souterraines, doit prendre les choses en main pour libérer cet «otage» des mains des colons. Il doit se montrer plus convaincant pour au moins qu’on lui accorde la liberté de mouvement. Parce qu’en aucun cas, on ne devrait accepter de prendre ce compatriote, même fautif, en gage pour avoir son fils qui refuse de se présenter.
Rappelons que Lamine Diack est soupçonné d’avoir reçu, en 2011, plus de 1 million d’euros pour taire le résultat positif de contrôles antidopage sur des athlètes, notamment russes. Une facétie qui pourrait valoir.
Seyni DIOP