Karim Wade, candidat déclaré du Pds à la prochaine élection présidentielle jugerait désormais son frère Idrissa Seck assez fréquentable pour tenter de le réconcilier avec leur père.
Si cela se confirme, on assisterait à la grande réconciliation de l’axe libéral autour du patriarche Abdoulaye Wade pour une vendetta contre Macky Sall, sans pitié. Et ce dernier devrait déjà entendre les balles siffler.
Les rescapés pansent leurs plaies. Ecartés des affaires par les Sénégalais à cause de leur jeu trouble, Abdoulaye Wade et Idrissa Seck se sont maintenant résolus à faire la paix pour affronter l’ennemi commun, Macky Sall, à qui ils ont mis le pied à l’étrier. L’annonce de la tentative de réconciliation entre le père et son ex-fils putatif, révélée hier par Idrissa Seck, sonne comme une bombe dans le camp du pouvoir qui devrait craindre une telle alliance. En effet, la connexion de ces bêtes politiques risque de faire mal à la prochaine élection. Car, cela peut se révéler être l’assaut final dans le mortal-kombat des libéraux.
La jonction de leurs forces dans ce contexte où le président de Rewmi monte en puissance au sein de l’opinion pourrait faire très mal. Car, le Parti démocratique sénégalais (Pds) pèse au moins 20 % de l’électorat depuis plusieurs décennies, Wade ayant un électorat qui vote toujours pour celui qu’il aura désigné, même s’il s’appelle Seck. Ainsi, même s’il ne peut gagner une élection au Sénégal, le Pape du Sopi peut faire perdre au Président sortant. Et ce rapprochement non encore confirmé par son fils peut être lu comme une de ses manœuvres. Monstre politique qui sera maître du jeu politique sénégalais jusqu’à son dernier souffle, il pourrait être en train de faire un appel d’offres politique aux autres acteurs pour remettre son fils, Karim, dans le jeu afin de lui assurer un avenir. En effet, pendant longtemps, on a parlé de son rapprochement avec Macky Sall qui lui avait même prêté un hélicoptère de l’armée pour un déplacement à Touba. De plus, la Première Dame, Marième Faye Sall, s’était déplacée jusqu’à la résidence de Wade le jour de la Tabaski 2017 pour une ziarra, officiellement après que son époux de Président a décidé de restituer toutes les villas de l’ancien Président saisies par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) dans la traque aux biens mal acquis. L’affaire n’ayant pas abouti, il s’est aujourd’hui tourné vers le challenger le plus crédible de Macky Sall à la prochaine élection présidentielle, à savoir Idrissa Seck. Un autre deal qui peut s’avérer payant si le pouvoir mesure le danger et fait tout pour le faire capoter. Parce que, s’il obtient des gages auprès de Macky Sall pour l’avenir de Karim, Wade peut faire volteface à son fils biologique. Cela, en lui demandant de démentir les propos qu’Idrissa Seck lui prête dans les médias. Ce qui mettrait le leader de Rewmi dans une position inconfortable, lui qui pourrait regretter d’avoir parlé trop vite.
Quoi qu’il en soit, le soutien d’Abdoulaye Wade sera déterminant pour ces candidats déclarés à la prochaine élection présidentielle. Pour Idrissa Seck, ce sera l’occasion enfin de mettre la main sur l’appareil du Pds, capable de lui ouvrir les grilles du palais présidentiel. En plus de dissiper les nuages avec son mentor, il aura la chance de cristalliser les soutiens de ses ex-frères de parti et de tous ceux qui s’identifient à Wade.
Pour Macky Sall, qui ne cesse de voir son électorat s’effriter, d’élection en élection, passant de 65 % en 2012, à 62 % lors du référendum de 2016 et qui a maintenant glissé sous la barre des 50 % en 2017, avec 49,48 %, ces voix de Wade ne seraient pas de trop pour s’assurer un second bail à la tête du pays. Surtout que l’opposition ne manquera sûrement pas de matière pour le disqualifier en 2019, avec notamment les questions de gouvernance, le surendettement du pays, l’affaire Petro Tim, l’insécurité, la monarchie dans la République, le fiasco des cartes d’identité numérisées, les catastrophes…
Seyni DIOP