CONTRIBUTION
Le ministre des Affaires étrangères Sidiki Kaba avait, semble-t-il, de bonnes raisons de se lamenter… au Mur des lamentations (!) à l’occasion de son récent séjour en Israël. En effet, le quotidien national Le Soleil dans sa livraison de ce vendredi 30 mars nous apprend, en page 5, que «cette fin de visite a été marquée par une audience avec le ministre de la Défense israélien à la place du Premier ministre empêché». Tournure diplomatique d’usage pour dire, en fait, que M. Benyamin Netanyahou avait des choses plus importantes à faire que de recevoir un ministre sénégalais ayant parcouru pourtant, des milliers de kilomètres, dans l’espoir de le voir… Car «empêché» laisse entendre que le rendez-vous était confirmé, puis annulé au dernier moment… Ce sont des choses qui arrivent, me dira-t-on…
Mais il y a pire car, plus loin, Le Soleil nous apprend : «Avant cette audience, le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur avait rencontré le directeur des affaires politiques au ministère des Affaires étrangères». Autrement dit, il n’a même pas pu voir son homologue ! Là, je suis tenté de chanter Niani bagn naa… Et enfin, poursuit la correspondance, certainement pour consoler le ministre, «Sidiki a visité plusieurs sites historiques dont la Mosquée d’Al Aqsa, l’esplanade des Mosquées, l’Eglise du Saint Sépulcre, le Mur des lamentations, ainsi que le musée Yad Vashem…» En fait, une virée touristique que proposent tous les Tours operators du monde ! Le classique d’une visite en Israël.
Au total, et à moins que cette visite ne nous apporte d’autres retombées qu’un communiqué officiel viendrait préciser, il faut dire que, dans cette forme, elle se réduit à un pétard mouillé. C’est même un véritable camouflet pour le chef de notre diplomatie qui vient, en plus, de se fourvoyer en démolissant des décennies de constance dans notre politique au Moyen Orient. Une constance qui a toujours forcé le respect et que nous venons de vendanger. Pour être juste, nous attendrons la plaidoirie de l’avocat Sidiki Kaba dont l’agenda géopolitique ne semble pas cadrer avec les lignes directrices connues de la diplomatie sénégalaise. A moins que les diplomates chevronnés du ministère des Affaires étrangères ne nous éclairent sur la nouvelle doctrine en vogue à La Place !
Amadou Tidiane WONE