CONTRIBUTION
La politique dans notre pays se réduit, de plus en plus, au discours belliciste des uns contre les autres. Elle se conjugue aussi, hélas, au gré des reniements et des trahisons. Elle autorise les forfaitures et absous l’utilisation abusive des deniers publics. Les Sénégalais ne s’étonnent même plus de certains retournements de situation. Tant le disque des candidats à la transhumance est sans imagination. Convenu et misérable.
A de rares exceptions près, on entend peu un discours politique alternatif, suffisamment élaboré, sur les problèmes cruciaux qui assaillent notre pays. Non plus sur les solutions possibles pour y remédier. Les syndicats s’époumonent sans se faire entendre. La société civile prêche dans le désert. Et, par exemple, pour ce qui concerne la grave crise scolaire qui secoue notre pays, aucun leader politique n’a produit, pour l’heure et à ma connaissance, une proposition de sortie de crise alternative, argumentée, chiffrée et opératoire. L’opposition ne devrait pas se limiter qu’à dénoncer, mais devrait aussi proposer des modalités de sortie de crise.
Parlons sérieusement ! L’émergence d’un pays, encore que ce mot ne veuille pas dire grand-chose tel que rabâché au quotidien, ne se mesure pas en termes d’immeubles construits, ni de statistiques savantes. Même pas en termes de routes, de pistes de production ou de TER. Non plus par l’annonce quotidienne de pluies de milliards dont personne ne voit la couleur. Depuis les annonces triomphalistes faites à la sortie du Club de Paris, nous garantissant que les sommes «collectées» dépassaient largement nos attentes, nous n’avons cessé d’enregistrer…. de nouvelles annonces (!) Nous nous endettons chaque jour un peu plus. Jusqu’à quand ? L’émergence ne signifie pas des mots et des chiffres qu’on aligne. Non plus les satisfecit décernés par les bailleurs de fonds ou les agences de notation. Non !
Le progrès d’une Nation se mesure au bien-être apporté à ses populations. On l’apprécie à la qualité du système éducatif et à l’aune de la démocratisation de l’accès au savoir. Il se jauge à la commodité des structures dédiées aux services de santé. Pour tous. Avec un esprit de solidarité tel que les plus démunis soient soutenus par une sécurité sociale efficiente, une mutualisation effective des moyens de la collectivité pour le mieux-être de tous. La qualité de vie d’un peuple est appréciable, aussi et surtout, par le niveau de sécurité et de sérénité dont jouissent les citoyens, et notamment les enfants et les handicapés. Bref, les catégories les plus vulnérables. L’actualité de notre pays à cet égard est, pour le moins, alarmante !
Le développement d’un pays, c’est la conquête progressive de son autonomie alimentaire, par une agriculture centrée sur les besoins des populations mais aussi ouverte sur Les transactions internationales. Je suis au regret de constater que, sous tous ces rapports, le Sénégal en 2018 ne me semble pas être sur la bonne VOIE. Il va falloir en CHANGER ! «O Sénégalais Debout !» dit notre hymne national, jamais appel n’a été aussi pressant !
A l’occasion des prochaines élections présidentielles, mais bien au-delà, le débat qui doit être au centre de toutes nos préoccupations, ne doit porter que sur la problématique suivante : comment mobiliser les Sénégalais pour changer le Sénégal. C’est-à-dire transformer, qualitativement, les conditions de vie du plus grand nombre de nos compatriotes, notamment les plus démunis ! Alors, on pourra commencer à parler d’émergence ! Na nu jog ngir Senegaal !
Amadou Tidiane WONE