L’avocat et candidat déclaré à la présidentielle à venir demande le retrait le projet de loi instituant le parrainage.
Il considère son adoption rapide en Conseil des ministres comme un forcing politique pour un gouvernement en désespoir de cause.
La décision du président de la République et sa mouvance présidentielle d’instaurer le système du parrainage des candidats à la présidentielle de 2019 continue de soulever des vagues au sein de l’opposition. Me Abdoulaye Tine, président de l’Union sociale libérale (Usl), dénonce «un projet d’attentat au pluralisme démocratique au Sénégal». «L’Usl dénonce fermement le projet de loi visant à instaurer un système de parrainage des candidatures à la présidentielle de 2019 selon lequel chaque prétendant devra recueillir les signatures d’au moins 1 % des électeurs inscrits sur les listes électorales dans sept régions différentes. Ce texte constitue un projet d’attentat contre le pluralisme politique et démocratique dans notre pays», dit-il dans un communiqué.
«La démocratie ne peut pas et ne doit pas être réduite à une affaire de grands ou de petits partis. En effet, au moment de l’élection présidentielle, tout acteur du jeu politique, quelle que soit la taille de sa formation doit pouvoir exprimer librement sa vision sur les problèmes du pays ainsi que les solutions qu’il préconise», poursuit Me Abdoulaye Tine, ajoutant que ce projet traduit de la part du régime une ultime «volonté de manipuler» des règles constitutionnelles et républicaines, ce qui est «indécent» du point de vue de l’éthique démocratique.
Abdoulaye Tine indique que le procédé est d’autant plus «déloyal et condamnable» qu’il intervient à quelques mois de l’élection présidentielle qui aura lieu le 24 février 2019. «Dans la mesure où aucun consensus n’a pu être dégagé concernant cette question, l’adoption rapide du projet en Conseil des ministres n’est ni plus ni moins qu’un simple forcing politique pour un gouvernement en désespoir de cause», dit-il encore.
Quoi qu’il en soit, il prévient qu’il s’agit d’un projet techniquement mal venu. Selon lui, le gouvernement qui n’a pas été capable d’assurer l’inscription à temps de tous les Sénégalais dans le nouveau fichier électoral devait bien s’abstenir de toute tentative d’instauration d’un nouveau mécanisme qui reposerait sur une base de données et une matrice électorale qui sont à ce jour inachevées. «Pour toutes ces raisons, l’Usl demande le retrait de ce projet de loi et reste mobilisée pour le respect de nos règles démocratiques et républicaines», conclut le document de presse. La date du vote de ce projet de loi n’est pas encore fixée, mais d’ores et déjà l’opposition appelle à une mobilisation massive à la place Soweto devant les grilles de l’Assemblée nationale pour protester contre ce «forcing».
Charles Gaïky DIENE