Après une première manifestation dispersée par les forces de l’ordre, les élèves de Thiès reviennent à la charge.
Se disant victimes collatérales du bras de fer entre l’Etat et les enseignants, ils promettent : « Si la grève persiste aucune école privée ne fera plus cours ».
Les élèves de la cité du rail sont encore descendus dans la rue. Après une première mobilisation dispersée par les forces de l’ordre, il y a trois jours, ces apprenants thièssois sont encore revenus à la charge avec toujours en bandoulière leur exaspération face au bras de fer entre les enseignants et le pouvoir étatique qui, selon eux, n’a que trop duré. Un bras de fer dans lequel ils se considèrent comme étant les plus grands perdants. «Nos professeurs mènent une lutte acharnée contre le gouvernement. Cette lutte est la source de nombreuses grèves que nous vivons. Nous ne faisons que six heures de cours par jour. Ce qui est inadmissible pour des élèves qui préparent l’examen du baccalauréat», regrette Cheikh Diallo, porte-parole du jour. Pour ce dernier entouré de ses camarades venus des trois lycées de Thiès et de quelques collégiens, tout ce mouvement d’humeur ne se veut que pour réclamer leur droit, celui à l’éducation qui est aujourd’hui bafoué et foulé du pied à cause de cette grève entretenue par les enseignants et l’Etat. «Nous sommes à 85 jours des examens et nous n’avons même pas encore terminé la moitié de notre programme. C’est inacceptable, il faut que l’Etat trouve une solution pour au moins repousser la date de l’examen du baccalauréat, et permettre aux élèves de se préparer».
Et de poursuivre pour réclamer au nom de ses camarades un arrêt rapide de cette grève dont ils seront les seuls à ramasser les pots cassés. Eux qui, chaque jour font tous pour venir à l’école à 8 heures pour ensuite se retrouver l’obligation de rebrousser chemin faute d’enseignant pour faire cours. «Nous ne voulons pas rester chez nous. Nous voulons étudier». Deux phrases aussitôt reprises en chœur par la foule monstre d’élèves agglutinés sur la promenade des Thièssois qui demandent à cor et à cri que l’Etat fasse des efforts pour trouver des accords avec les enseignants. Surtout, disent-ils, quand on sait que pendant qu’ils sont obligés de rester à la maison, leurs camarades de l’enseignement privé sont en train de faire normalement leurs cours. «Nos camarades des écoles privées font cours correctement alors que les écoles publiques sont laissées à elles-mêmes. Ce n’est pas parce que nos parents n’ont pas d’argent pour nous payer les cours que nous ne devons pas étudier. Alors que les fils des ministres sont dans les privés en train d’étudier et on leur paye des cours de renforcement très chers». Aussi de poursuivre pour préciser qu’ils ne sont ni du côté de l’Etat ni de celui des enseignants. Et qu’en conséquence, tout ce qu’ils veulent c’est étudier.
Cependant, disent-ils, la question qu’ils ne peuvent s’empêcher de se poser est celle de savoir pourquoi leurs professeurs refusent de leur dispenser des cours et acceptent de le faire dans le privé alors qu’ils sont des agents de l’Etat. Un état assez déplorable qu’ils promettent de corriger si rien n’est fait pour une reprise immédiate des cours dans le public. «S’ils persistent dans leur grève alors aucune école privée ne fera plus cours. C’est le mot que nous avons décrété à Thiès». Pour simplement dire poursuit le porte-parole du jour que ces camarades et lui en ont marre de cette situation mais aussi que leurs parents n’en peuvent plus de devoir leur donner chaque matin de l’argent pour qu’ils aillent à l’école sans rien faire et qu’ils ne sont pas aussi nantis pour leur payer des cours de renforcement. «Nous sommes dans un pays pauvre et la plupart de nos parents ont de faibles revenus. Ils ne nous restent que l’école publique pour étudier. Alors qu’ils mettent une fin à cette grève s’ils ne veulent pas faire de nous des chômeurs et des agresseurs», dit-il amer.
Sidy DIENG