«Le message à retenir est que la perte de vue n’est pas une part rédhibitoire.
Il faut qu’ils (les handicapés, Ndlr) comprennent que Dieu ne ferme pas les portes et les fenêtres. Il laissera toujours une part à l’Homme. Si l’Homme s’interroge quel que soit le handicap, il trouvera, en lui, un génie qui sommeille et qui n’attend que d’être réveillé», confie Sidy Bouya Mbaye. C’était lundi, après la présentation de son deuxième livre, intitulé La longue nuit, publié par Harmattan Sénégal en 2017. «C’est aussi un message pour les handicapés du monde qui sont relégués au second plan», poursuit-il. Pour lui, les handicapés doivent d’abord compter sur eux-mêmes. «Les voyants essaient de nous aider. Nous devons nous aider nous-mêmes. Parce que c’est nous qui vivons le handicap. C’est nous qui pouvons donner les informations pour être aidés efficacement», conseille-t-il.
D’après M. Mbaye tout le monde est handicapé. «Chaque personne est handicapé. En chacun, sommeille un handicap. A certaines heures de la nuit, vous vous trouvez aveugles parce que lorsqu’on dort, on est paralysé, inerte».
Le message va aussi à ceux qui souffrent en silence. «C’est aussi un message d’espoir à ceux là qui pensent qu’ils n’ont plus d’issue et veulent mettre fin à leur vie». Il les invite à ne pas abandonner. «N’abandonnez pas ! La vie est si étrange avec ses revers. Beaucoup, abattus par un échec, auraient pu réussir s’ils avaient persévéré. N’abandonnez pas, même si tout semble aller lentement. Il ne faut jamais abandonner». L’auteur a aussi beaucoup parlé de silence et de la nuit. «Au cœur de la nuit, il n’y a que les brigands, les hommes de Dieu et les poètes qui sont éveillés. Mère Theresa disait : +le but du silence c’est la foi+. C’est dans le silence que l’on peut se faire. La nuit est le moment où tout se passe, le lieu où l’homme se requinque. Dans la nuit, il y a des signes que les gens peuvent interpréter. Le silence permet de toucher Dieu», philosophe-t-il.
Sidy Bouya Mbaye dit avoir écrit le livre en moins de six mois. «Après avoir écrit Le rescapé (son premier livre, Ndlr), d’aucuns s’étonnaient de voir un aveugle écrire un livre. Des feuilles assemblées ont fait le livre. Il y a d’ailleurs un autre livre en chantier», confie-t-il.
Pour le professeur Mamoussé Diagne, philosophe, «c’est un livre qui amène à s’interroger sur nous mêmes. Il nous amène à nous poser une question : qu’est-ce voir au-delà des yeux pour accéder à l’essence des choses».
Waly Bâ, Professeur de Lettres, dit pour sa part que l’auteur «s’adresse à l’humanité qui est dans la longue nuit de guerre, de conflits, de recherche de la paix, de l’espoir qu’elle ne trouve pas».
Emile DASYLVA