Les fédérations de la fonction publique et des cheminots appellent ce jeudi à descendre dans la rue.
Mobilisation test avant la longue grève SNCF qui débutera en avril.
Faute de trains, beaucoup de manifestants risquent-ils de rester à quai ? Voilà qui arrangerait bien le gouvernement. Après les grèves molles de septembre sur les ordonnances travail, les ordonnances SNCF sonnent comme le premier grand test social pour Emmanuel Macron.
En tout cas, le bras de fer qui s’engage ce jeudi entre les cheminots et l’exécutif doit permettre aux syndicats de planter la première banderille. Cette « manifestation nationale », appelée par toutes les fédérations contre la réforme ferroviaire, est censée marquer le prélude à une guerre d’usure inédite, sur fond de grève alternée (deux jours sur cinq) qui débutera le 3 avril jusqu’au 28 juin. À Paris, les organisateurs tablent sur un cortège d’au moins 25 000 personnes…
Au défilé des cheminots, il faudra aussi compter avec les fonctionnaires qui battront le pavé dans toute la France (hôpitaux, enseignants, contrôleurs aériens…). Avec en ligne de mire la réforme de la fonction publique, mais aussi le gel du point d’indice, la baisse des effectifs… Près de 150 manifestations sont ainsi annoncées !
Un printemps de perturbations à venir
Comme un air de déjà-vu avec les mouvements de 1995 contre les réformes Juppé ? Ou coup de grisou comme en 2014 où les cheminots ont tenu à peine dix jours. Une certitude : la France se prépare à un printemps de perturbations dans les trains.
Dès ce jeudi, de « fortes » perturbations sont annoncées par la SNCF, avec 40 % des TGV annoncés en circulation, 25 % des Intercités, la moitié des TER et 30 % des trains en Ile-de-France.
Derrière la bataille qui s’engage, il s’en joue une autre : celle de l’opinion. Les syndicats avancent avec l’espoir que les mécontents vont faire boule de neige. Mais l’exécutif espère garder avec lui cette opinion lassée par la SNCF et ses retards. « Nous sommes extrêmement déterminés » et « le rythme des projets de loi pour les prochaines semaines montre que nous ne faiblissons pas et que nous ne mollissons pas », prévient le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, en signe de fermeté. « La vérité, c’est qu’il n’y a pas d’autres alternatives. Il faut assumer et dire pourquoi on doit conduire cette réforme jusqu’au bout. », enfonce le député LREM Sacha Houllié.
« Notre seule boussole c’est de maintenir le dialogue »
Droite dans ses bottes, la majorité pourra-t-elle cependant tenir cette ligne dure si le conflit venait à s’éterniser… et s’envenimer avec les syndicats ? « La situation est connue de tous. On avance sans aucune appréhension et on laisse encore de la place pour les discussions », assure Matignon. « Il y a déjà eu une trentaine de concertations. Elles se poursuivront. La méthode reste la même. Notre seule boussole c’est de maintenir le dialogue », enchaîne un proche d’Emmanuel Macron.
Alors qu’un autre ténor de la majorité prend moins de gants : « On va jouer sur la stratégie de l’épuisement. Plus on s’échinera à convaincre et à persuader, plus on va épuiser nos adversaires ». Voire… Ce mercredi, un sondage Elabe pour BFM TV révélait, en tout cas que, pour 74 % des Français, le chef de l’État menait une politique injuste.