CONTRIBUTION
Ce matin, j’ai relu le rapport de la Cena sur les élections législatives de l’année dernière. Et j’ai compris pourquoi des diplomates étrangers ont déclaré n’avoir jamais constaté dans le monde des élections aussi volontairement désorganisées que celles-là. Tout l’appareil d’Etat a été mis au service d’une entreprise de manipulation du suffrage universel. Il s’agit d’un crime contre la Constitution au regard de l’article 3 qui dispose que«la souveraineté nationale appartient au peuple sénégalais qui l’exerce par ses représentants ou par la voie du référendum. Aucune section du peuple, ni aucun individu, ne peut s’attribuer l’exercice de la souveraineté». Fausser une élection à ce point, c’est bel et bien s’attribuer la souveraineté à la place et au détriment du peuple. C’est saper la légitimité même de la République. C’est assassiner la démocratie et la citoyenneté.
Le dernier rapport de l’Armp est venu alourdir l’acte d’accusation. Il nous révèle que la fraude a dépassé l’organisation du scrutin. La passation des marchés a également souffert des pratiques nébuleuses de ce qui a tout l’air d’un gang de filous, retranché derrière le confort de l’anonymat et de l’impunité. Tout ceci engage, en plus de la responsabilité politique des ministres qui se succèdent, la culpabilité managériale du Directeur général des élections, M. Thiendella Fall, qui est, par ses attributions, le discret maître d’œuvre opérationnel de tous ces fricfracs.
Le procureur de la République est interpellé par ces deux rapports émanant d’institutions prévues et habilitées par notre Constitution. Il y a urgence. A ce jour, M. Fall, le Dg des élections, que je ne connais pas et avec qui je n’ai donc aucun contentieux, ne devrait pas être à la place Washington mais plutôt à la prison de Rebeuss. Libérer nos élections d’une expertise aussi calamiteuse est une obligation d’hygiène démocratique et un impératif de sauvegarde de la paix sociale.
Mamadou Bamba NDIAYE
Ancien député Secrétaire général du MPS/SELAL |