Un rapport de force. C’est la stratégie des libéraux pour imposer la candidature de Karim Wade.
Ils sont convaincus que la décision du Conseil constitutionnel dépendra du rapport de force entre eux et le pouvoir.
Le Parti démocratique sénégalais (Pds) n’en démord pas. L’ancien parti au pouvoir tient toujours à la candidature de Karim Wade en février 2019 pour revenir aux affaires. Et pour ce faire, Abdoulaye Wade et ses partisans se disent prêts à croiser le fer avec le président de la République. Les libéraux sont en effet convaincus que la validation ou l’invalidation de la candidature de leur porte-étendard sera tributaire de l’issue du rapport de force entre eux et le pouvoir du Président Macky Sall. «En politique, c’est le rapport de force qui règle tout. La décision du Conseil constitutionnel dépendra du rapport de force. Et le Pds et tous les démocrates sont prêts à assumer cette responsabilité», déclare Babacar Gaye.
Le porte-parole du Pds qui était l’invité de Rfm, hier matin, appelle par la même occasion les partisans du maire de Dakar à croiser le fer avec le régime, s’ils veulent que Khalifa Sall soit autorisé à briguer le suffrage universel en février 2019. «Tous les hommes politiques qui veulent faire face au pouvoir devront défier les décisions de Macky Sall, parce qu’elles ne sont pas conformes à la loi», poursuit-il.
Ce point de vue est le plus partagé au niveau de l’opposition la plus représentative. Le député Mamadou Diop Decroix a, lui aussi, théorisé le rapport de force. Il disait lors du procès de Khalifa Sall que l’opposition est interpellée pour «inverser le rapport de force». Selon lui, il faut opposer à ce régime la force politique. «Tant que nous continuerons à nous asseoir sur des chaises, sous des tentes, Khalifa Sall ne sera jamais libéré. Il faut faire face. On instrumentalise la justice pour régler des comptes politiques, comme ce fut exactement avec Karim Wade en son temps. La prochaine fois, ce sera un autre membre de l’opposition si le rapport de force n’est pas inversé. La question ne se pose plus du point de vue du côté du pouvoir, l’opposition est interpellée», avait-il dit. «C’est la force et non la loi qui marche contre ce pouvoir. Il faut agir et advienne que pourra», avait-il ajouté lors de la conférence de presse des députés de l’opposition sur la levée de l’immunité parlementaire de Khalifa Sall.
Lors d’un rassemblement à l’ancienne mairie de la Médina, Déthié Fall, avait lui aussi dit que Khalifa Sall ne sera pas libéré tant que le combat se mène sous le mode des «vendredis rouges», «où on manifeste assis sur des chaises et sous des bâches». Des propos qu’il a réitérés à l’occasion d’une conférence de presse des députés de l’opposition sur la levée de l’immunité parlementaire de Khalifa Sall.
Ainsi, on risque d’assister à des manifestations de rue, comme ce fut le cas le vendredi dernier, à l’approche du verdict du procès du maire de Dakar qui sera rendu le 30 mars. On risque également d’assister à des troubles publics à l’approche de la présidentielle. Car il faut dire que les libéraux sont persuadés que le pouvoir cherche à barrer la route à leur candidat déclaré depuis des années.
Alors que d’après le porte-parole du Pds, si on respecte les articles 4, 29, 30, 31 et 34 de la constitution et les articles L 114 et L 115 du code électoral, rien ne peut empêcher à Karim d’être candidat. Selon lui, il lui suffit de faire une déclaration sur l’honneur, d’écrire qu’il est exclusivement de nationalité sénégalaise. «Aucune nouvelle manipulation, aucune nouvelle instrumentalisation de la justice sénégalaise n’empêchera à Karim Wade d’exercer ses droits civils et politiques par une candidature effective à l’élection présidentielle de février 2019, pour que le Sénégal redevienne un pays démocratique, respectueux des libertés individuelles et des droits fondamentaux», tonne Babacar Gaye.
Charles Gaiky DIENE