L’espoir des parents d’élèves de voir leurs enfants regagner les classes, à l’issue de la rencontre d’hier entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants, est tombé dans l’eau.
Les deux parties n’ont pas trouvé un consensus à l’issue de leur concertation qui aura duré 8 heures.
Tout ça pour ça. La rencontre entre les syndicats d’enseignants les plus représentatifs (G6) et le gouvernement, hier, n’a pas abouti à une issue heureuse. Le fruit qu’elle a porté, c’est tout simplement la discorde sur la question liée à l’augmentation et à l’alignement de l’indemnité de logement. Pendant huit tours d’horloge, les deux parties sont sorties en se regardant en chiens de faïence. Chacun campe sur sa position d’avant pour mettre à l’index l’autre. Du côté du gouvernement, c’est un manque de patriotisme des enseignants qui se fait entendre dans leur discours. «Les revendications des enseignants portaient sur l’augmentation substantielle et l’alignement des indemnités de logements. Sur cette question, nous avons entrepris des rencontres avec eux le 06 mars. Les montants qui étaient proposés, variaient entre 20 000 francs Cfa et 30 000 francs Cfa en 2018 et en 2019. Le gouvernement a estimé que cela n’est pas supportable par les finances publiques, il a proposé une indemnité qui va passer de 70 000 Cfa à 72 000. Les organisations syndicales ont marqué leur désaccord», rapporte Serigne Mbaye Thiam, ministre de l’Education nationale, au sortir de leur huis-clos.
Selon qui, d’autres rencontres ont été tenues. Et les syndicalistes sont restés sur leur position. «Le gouvernement a réfléchi pour apporter une nouvelle proposition, le vendredi 09 mars qui était d’augmenter l’indemnité de 22 % pour passer de 72 000 à 73 200. Au cours de cette rencontre, il n’y a pas eu d’accord. Le gouvernement est revenu avec une troisième proposition en date du lundi 12 mars 2018, au cours de laquelle, nous avons proposé que l’indemnité de logement puisse passer par enseignant et par mois de 60 000 francs Cfa à 75 000 francs Cfa. Ce qui correspond à une augmentation de 25 %. Les syndicats n’ont pas bougé de leur proposition initiale», accuse-t-il.
Serigne Mbaye Thiam qui fait savoir que si cette question était vidée, on aurait pu penser à une levée du mot d’ordre de grève des enseignants et il décide de ne pas dépasser les 25 % d’augmentation sans compter l’alignement. «Pour le gouvernement, c’est l’ultime proposition. Aujourd’hui, le Premier ministre, en réitérant la disponibilité du gouvernement à prendre en charge toutes les préoccupations qui concernent les organisations syndicales, en présence du ministère de l’Economie et des Finances, a dit que le gouvernement ne peut pas dépasser le montant de 75 mille franc par enseignant et par mois», annonce-t-il, en promettant des rencontres hebdomadaires à compter du 16 mars au 15 avril. Avant d’ajouter: «Nous avons expliqué aux syndicats d’enseignants, aux enseignants de façon générale, qu’à l’issue d’une lutte, si on parvient à obtenir un gain aussi important, on doit penser aux élèves pour aller regagner les classes».
S’agissant des enseignants, c’est un tout autre discours qu’ils articulent. Jouissant de leur force de représentativité, les syndicalistes se radicalisent et disent être déçus. Souleymane Diallo, secrétaire général du Syndicat des enseignants du Sénégal (Sels) et d’ailleurs porte-parole du jour, constate que le Premier ministre n’as pas tenu ses instructions relatives aux lenteurs administratives qui persistent, à la création du corps des administrateurs scolaires, aux passerelles professionnelles, à l’administration sociale et enfin sur le statu quo constaté sur l’indemnité de logement qui est la question nodale des préoccupations des enseignants. «Le G6 sort de cette rencontre avec une très grande déception. Le gouvernement a, lui-même, constaté le non-respect de la non application des instructions du Premier ministre qui avaient été données lors de la séance du 19 janvier 2018. Parce que nous pensions que quand le Premier ministre et le gouvernement convoquent les enseignants, dans un contexte caractérisé par une crise, qu’ils présenteraient des propositions acceptables sur l’indemnité de logement», réplique-t-il. Avant d’ajouter : «C’est pourquoi il a proposé des rencontres hebdomadaires pour faire le suivi. Parce qu’il a constaté que ses instructions ne sont pas appliquées».
Dans cet ordre d’idées, le porte-parole déclare que ce que le gouvernement a proposé est en deçà de leurs attentes. Il fait savoir qu’il ne s’agit pas d’une revendication mais d’une revalorisation car ils savent que l’indemnité de logements existe déjà. «75 mille FCfa est très en deçà de nos attentes. Parce que cette indemnité existe déjà, c’est juste une revalorisation. Nous n’avons ni l’alignement ni l’augmentation substantielle de l’indemnité de logement», rectifie-t-il. Pour leur proposition, le porte-parole de faire savoir que les syndicats d’enseignants exigent pour l’alignement, une sommes de 20 000 francs Cfa par mois et par enseignant à compter de janvier 2018 et 20 000 francs d’augmentation substantielle à compter de janvier 2019. «Alors que les 25 % qu’a proposé le gouvernement correspondent à 15 000 francs Cfa».
Salif KA (Stagiaire)