Bien que conseiller du président Macky Sall sur l’investissement, Ange Billong n’apprécie pas la position du Sénégal dans le dernier rapport du Doing Business 2018.
Il a profité, hier, de la séance de travail de l’Apix portant sur l’accès au crédit et le permis de construire pour cracher ses vérités.
Même si Macky Sall et certains de ses hommes se sont réjouis du rang du Sénégal dans le dernier rapport du Doing Business de la Banque mondiale, cette place du Sénégal fait grincer des dents chez d’autres membres du même système. Hier, lors de la séance de travail organisée par l’Agence sénégalaise de promotion des investissements et des grands travaux (Apix) sur l’accès au crédit et le permis de construire, Ange Billong, président du groupe 2 du Conseil présidentiel de l’investissement n’est pas allé par quatre chemins pour critiquer sévèrement la position du Sénégal. «Quand on regarde le rapport du Doing Business sur les pays africains, le Mozambique est premier. Nous devons se poser la question de savoir comment les Mozambicains ont fait pour arriver là. Là où on fait 177 jours pour le permis de construire, eux ils le font en 30 jours. On n’a un problème», martèle-t-il.
Selon M. Billong, ces résultats du Doing Business sont publiés à travers le monde. Ce qui, de son avis, va dissuader les investisseurs étrangers qui vont se dire : «Nous n’allons pas au Sénégal parce qu’il faut rester 5 mois pour démarrer un projet». Pis, soutient-il, les investisseurs locaux qui veulent s’installer dans certaines zones vont aller voir ailleurs parce que les procédures sont lourdes. D’où la nécessité, selon lui, d’alléger les procédures afin de rendre attractif l’environnement des affaires pour que l’investisseur trouve l’intérêt à miser sur notre pays. «Aujourd’hui, ce que la Mozambique peut faire, il n’y aucune excuse qu’on ne puisse pas le faire nous aussi en 30 jours. Parfois on est accroché à nos prérogatives, parce que ce sont nos prérogatives mais est-ce que ces prérogatives qui sont les nôtres facilitent les choses. Est-ce que ça permet de dynamiser le secteur. On doit se poser ces questions», s’interroge-t-il.
Pour lui, notre pays doit trouver les voies et moyens de s’offrir une bonne place. Mais si on continue à ajouter des procédures, nous serons les derniers parmi les derniers. Et les résultats montrent déjà que ce sont nos enfants qui n’auront pas de travail parce que pour trouver du boulot il faut que les investisseurs acceptent d’investir d’abord. Or, si les procédures ne sont pas courtes, ces bailleurs vont aller voir ailleurs. «On n’a 177 jours pour le permis de construire, c’est médiocre. On est 144ème dans le classement, c’est encore médiocre», peste-t-il encore.
S’agissant de l’accès au crédit, lors des échanges, il a été relevé beaucoup de goulots d’étranglement. Les particuliers peinent à accéder au crédit bancaire. Beaucoup d’institutions financières sont très réticents quand à l’accord du crédit pour certains clients. L’asymétrique d’information sur le crédit pose problème. «Actuellement, nous sommes à un taux de pénétration de 34 % dans la zone Uemoa mais qui demeure faible par rapport à l’objectif d’émergence. C’est vrai, il y a une évolution mais elle n’est pas plus importante que les crédits à l’économie. C’est la raison pour laquelle les réflexions continuent et que le Bureau à l’information du crédit a pour objectif de faciliter à l’accès au crédit», souligne Abdoulaye Ndong, représentant de la direction de la Monnaie et du crédit au ministère de l’Economie et des Finances.
Samba BARRY