Un réseau de faussaires spécialisés dans le trafic de quittances est démantelé par la police de Yeumbeul-Nord.
Déférés au parquet, les suspects ont été pris avec 198 fausses quittances, estimées à près de 10 millions Fcfa.
La police de Yeumbeul vient de démanteler un réseau spécialisé dans le trafic de quittances. Trois membres actifs de ce groupe sont arrêtés par les limiers, à savoir : B. Dramé, membre d’un mouvement sportif habitant Guédiawaye ; le nommé El H. Cissokho ainsi que Al. H. Diouf, agent de recouvrement au Trésor. Ils sont alpagués respectivement pour «escroquerie, faux et usage de faux, usurpation de fonction et corruption». Pendant presque deux ans, ces faussaires présumés ont réussi à soutirer de l’argent à des commerçants, sans éveiller le moindre soupçon jusqu’à être dénoncés. Ils ont été pris avec 198 fausses quittances estimées à près de 10 millions Fcfa. Leur modus operandi consistait à scanner de fausses factures sur lesquelles étaient estampillés le cachet et la signature d’un inspecteur des Impôts et Domaines. Les faits remontent en 2010. C’est un commerçant qui en avait marre des pratiques de la bande qui s’est subitement rendu au Centre des services fiscaux de Pikine-Guédiawaye, pour voir s’il était en règle. Mais grande fut sa surprise lorsqu’on lui a fait comprendre qu’il est même inconnu du registre des bons clients des services des Impôts et Domaines, pour n’avoir jamais été déclaré.
Pire encore, le commerçant tombe des nues lorsqu’on lui fait comprendre que le reçu de payement qu’il détenait était faux, car scanné. Par la suite, il informe ses pairs au nombre de deux qui se rendent aussi au niveau du Service des Impôts et domaines, pour y voir un peu plus clair. Là aussi, ces commerçants habitant Yeumbeul s’étonnent d’apprendre qu’ils figurent bien dans le registre, mais qu’ils ne se sont jamais acquittés de leur devoir de payement. Séance tenante, les victimes portent plainte contre un certain El. H. Cissokho qui se faisait passer pour un expert en finances officiant aux Impôts et domaines, en prenant le soin de lui tendre un piège. Ce qui va faciliter l’interpellation d’El. H. Cissokho qui, à son tour, a balancé B. Dramé qui se faisait passer pour un agent des Impôts et domaines, avec une fausse carte professionnelle où il est inscrit responsable du mouvement Navétanes. Lors de son interpellation, B. Dramé a tenté de prendre la poudre d’escampette, mais il n’a pas réussi à s’échapper.
Des complices nichés au Centre des services fiscaux de Pikine-Guédiawaye
Toujours lors de son interrogatoire à la police, au stade de l’enquête préliminaire, El H. Cissokho a balancé ses autres complices basés au Centre des services fiscaux de Pikine-Guédiawaye. Il a d’abord cité un certain Al. H. Diouf, agent du recouvrement. Ce dernier, alpagué, crache le morceau et déclare avoir reçu 500 mille francs des commerçants pour accomplir le mode opératoire, pour passer sous silence un redressement fiscal des commerçants estimés à quatre millions. Diouf dénonce à son tour un certain inspecteur et un contrôleur. Interrogés, ces derniers ont nié les faits avant d’être remis en liberté. Ils vont comparaître libre au procès. Des sources nous signalent que le Centre des services fiscaux de Pikine-Guédiawaye veut se constituer partie civile, pour l’ouverture d’une enquête judiciaire dans cette affaire qui laisse croire à l’existence d’une chaine de complicités jusqu’à un niveau insoupçonné. Mais en attendant, les mis en cause sont déférés au parquet de Dakar.
Théodore SEMEDO