La Commission d’instruction de la (Crei) a conclu en l’innocence de l’ex-sénatrice, Aïda Ndiongue, poursuivie pour «enrichissement illicite» à hauteur de 47 milliards FCfa.
Un Non-lieu total lui a été décerné, à cet effet. Mais attention : il reste un troisième et dernier dossier la concernant en examen chez le doyen des juges, dans l’affaire des produits phytosanitaires du Plan Jaxaay.
Après avoir été traînée dans la boue et présentée aux yeux de l’opinion nationale et internationale comme une prédatrice des biens publics, voilà que Dame justice vient de laver Aïda Ndiongue de tout soupçon. L’ex-sénatrice décroche un non-lieu total décerné par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), après quatre ans d’enquête. Quatre longues années durant lesquelles elle ne pouvait ni quitter le pays, ni exercer ses activités professionnelles. Quatre années durant lesquelles sa réputation aura été salie. Ses affaires au ralenti. Toutes ces accusations d’enrichissement s’écroulent comme un château de cartes et aboutissent à un non-lieu. Elle ne bénéficiera, pourtant, d’aucune indemnisation, pour laver son honneur et sa réputation salis durant cette longue période de traversée du désert.
Ses déboires ont débuté deux après l’installation du nouveau régime. C’est en mai 2014 que le procureur spécial de la Crei de l’époque, Alioune Ndao avait saisi la Commission d’instruction, pour son inculpation et son placement sous mandat de dépôt. Mais la Commission d’instruction n’avait pas en son temps jugé nécessaire de suivre les réquisitions du parquet spécial. Elle a plutôt opté pour une inculpation assortie d’un contrôle judiciaire.
Estimés à 47 milliards, ses biens ont été transférés de ses comptes de la Cbao à la Caisse de dépôts et consignation (Cdc), le temps de l’enquête judiciaire. En quatre ans d’instruction, le dossier a fait l’objet de plusieurs prolongations des enquêtes judiciaires, en raison de la remise tardive d’un rapport d’expertise (voir encadré). Aujourd’hui, voici venu la fin d’une longue et périlleuse procédure judiciaire qui aura secoué le Temple de Thémis.
Avec cette nouvelle donne, il ne reste qu’une seule affaire pendante pour l’ex-sénatrice, notamment le dossier en examen chez le doyen des juges consécutif aux produits phytosanitaires du Plan Jaxaay. Ce sera ainsi la troisième et dernière procédure dans laquelle la responsable libérale est impliquée. Le second dossier où elle a été poursuivie pour «escroquerie portant sur des deniers publics», dans l’affaire Plan Jaxaay, consécutive au projet de relogement des sinistrés de la banlieue, a été définitivement examiné par les juridictions compétentes. La Cour suprême a confirmé le verdict de la Cour d’appel de Dakar, laquelle avait infirmé la première décision du Tribunal correctionnel qui avait relaxé Aïda Ndiongue. Un verdict qui avait à l’époque fait trembler la Justice, avec la sortie du procureur de la République qualifiant ce jugement d’«illégal» et de «troublant». Mais cet écart de langage lui a valu un rappel à l’ordre de ses pairs, avec un communiqué de l’Union des magistrats sénégalais (Ums). Mieux encore, l’affaire Aïda Ndiongue avait troublé l’assemblée générale élective de l’Ums, en 2015, qui avait porté au pinacle l’ex-président Maguette Diop quand le juge de la troisième chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Dakar (Tgi, ex-Tribunal régional) ayant rendu la décision de relaxe a demandé des explications au procureur.
Pape NDIAYE