CONTRIBUTION
Ecrire un texte dans l’espoir qu’il vous parvienne dans les plus brefs délais, que ces mots s’enroulent de sanglots et de plaintes de Sénégalais à l’agonie, sacrifiés, là à l’autel de votre Ter qui s’apprête maintenant à les enterrer, si par malheur, le retard vous gagne. Ces Sénégalais n’ont jamais prié pour que ce projet leur tombe sur la tête, ils n’ont pas demandé que leur nom soit effacé de l’histoire de leurs villes, de leurs quartiers dont ils restent fiers. Ils ne vous ont pas supplié pour que leur querelle familiale soit exposée dans l’espace public, ils ne vous ont pas demandé de faire de leurs frères et sœurs d’éternels payeurs de loyer.
Monsieur le Président, ces Sénégalais ont cotisé chaque centime que leur ont apporté les litres de sueur de leur labeur, ces Sénégalais sont dignes et ne se sont pas laissés embarqués dans des magouilles pour avoir des lopins de terre. Monsieur le Président, vous auriez dû être là, témoin des tourments de ce vieillard plus proche de l’au-delà que d’ici-bas qui a beau chercher partout le certificat de mariage de ses parents qui ne se trouvent dans aucun registre d’Etat civil des quatre premières communes de l’Aof.
Vous auriez dû voir la frayeur de ces pères de famille, au regard hagard, errant dans les rues avec des brides de papiers collées à leurs mains, harcelés les dimanches de repos et les nuits par des appels prémonitoires d’un déguerpissement proche et d’un avenir incertain. Vous auriez dû voir ce citoyen trouvé chez lui, menotté, brutalisé et sorti de force, lui et ses moutons, pour démolir sa maison qu’il a dignement acquise ; ses cris et ses insultes n’y feront rien de même que ses menaces de s’immoler. Il a été laissé là, dans les rues, à errer seul et à se demander si la justice existe vraiment dans ce pays ! Vous auriez dû voir la réaction des membres de cette famille, gagnés par la peur et le souci de protéger chacun leur progéniture, et ces charognes sans âme déterrer le corps de leurs pères et mères souillés par tant de pleurs et d’insultes de leurs héritiers que vos sous ont fini par corrompre à tel point qu’ils deviennent les pires ennemis.
Votre Ter est un outil d’enrichissement illicite pour ces agents véreux qui créent des locataires imaginaires en complicité avec les bailleurs pour détourner les indemnités. Il l’est aussi pour certains agents qui gonflent et augmentent les données de leur recensement en complicité avec certains propriétaires qui ne peuvent plus tolérer qu’on considère leurs biens, leurs histoires comme une vulgaire marchandise. Votre Ter est un outil d’enrichissement illicite pour ces Ong locales choisies et dûment rémunérées pour représenter et faciliter les plaintes, inquiétudes des populations victimes et qui n’ont jamais respecté leur rôle. Gagnées par l’esprit de gains faciles et des compromis sur le dos des victimes, elles finissent par prendre fait et cause pour l’Apix.
Dans la région de Dakar, l’Apix compte faire déguerpir des citoyens en les indemnisant à hauteur de 27 000 francs le mètre carré pour le titre foncier et 10 800 le mètre carré pour les permis d’occuper. Vous comptez donc appauvrir vos citoyens pour l’émergence d’un pays qui a connu un demi-siècle de domination ? Vous comptez donc faire table rase de l’histoire, du sacrifice et des liens d’une famille, d’un groupe, des citoyens sénégalais pour un train qui ne dépasserait pas Diass, un train qui passerait sur des cadavres pour un mandat que vous pouvez avoir autrement ?
Monsieur le Président, sachez que même si vous tenez à votre Ter, eux tiennent à leurs vies ; sachez qu’après un mandat, il y a une vie alors qu’après une vie, il y a la mort. Ils essayent tant bien que mal de survivre dans une psychose qui les tue à petits feux sans que vous ne leviez le petit doigt, à moins que vous ne soyez aussi complices de ce drame et ça, je ne vous le pardonnerai jamais.
Alassane NIANG