Karim Wade, le premier candidat à être investi par une formation politique, est paradoxalement à mille lieux du Sénégal.
Une absence qui gêne considérablement la stratégie du Pds, le principal parti de l’opposition. Alors que tous ceux qui aspirent à gouverner le Sénégal après février 2019 sont déjà sur le pied de guerre.
A un an du premier tour de l’élection présidentielle fixée au 24 février 2019, le Sénégal est en pré campagne et tous les candidats sont à la rencontre des militants. Tous les candidats officieux à cette présidentielle – le dépôt des candidatures n’a pas encore démarré – sont sur le terrain, au contact des électeurs. Depuis des mois, le chef du parti Rewmi est en tournée nationale. Le député et leader du mouvement Pastef, Ousmane Sonko, n’est pas en reste. Il a lui aussi entamé une tournée dans le Sine et le Saloum. L’ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, est lui aussi à fond dans la campagne pour la présidentielle de 2019. Thierno Alassane Sall, le néo opposant au chef de l’Etat est lui aussi en tournée dans la région de Saint-Louis. Le Président Macky Sall a séjourné, du 19 au 20 février 2018, dans les régions de Fatick et de Kaolack. Officiellement cette visite était socio-économique, mais à en juger par l’ampleur de la mobilisation des militants, les rivalités des responsables politiques et les promesses faites, le chef de l’Etat avait revêtu son grand boubou marron-beige et sa casquette de candidat à la présidentielle à venir.
Ainsi, on le voit, tous ceux qui aspirent à gouverner le Sénégal après février 2019 sont déjà sur le pied de guerre. Ils sont en plein dans la campagne électorale, sauf le candidat déclaré du Parti démocratique sénégalais (Pds). Karim Wade, le premier candidat à être investi par une formation politique, est paradoxalement à mille lieux du Sénégal. Il est en exil depuis deux ans au Qatar et ne semble pas être dans les dispositions de revenir au bercail. Mais quoi qu’il en soit, cette absence prolongée gêne considérablement la stratégie du principal parti de l’opposition. Car tout candidat qui veut avoir des chances en février 2019, doit être nécessairement au contact des citoyens bien avant le scrutin. Car la présidentielle est une course de fond et non pas de vitesse. Le candidat doit sillonner les profondeurs du pays avant le scrutin pour s’enquérir des problèmes de ses concitoyens. La présidentielle étant un rendez-vous d’un homme avec son peuple, personne ne peut faire campagne à sa place. Et il est peu probable que les Sénégalais votent pour un candidat par procuration.
En conséquence, s’il ne met pas fin à son «exil forcé» le plutôt possible, Karim Wade, l’élément fédérateur, le dénominateur commun des libéraux va particulièrement et sans nul doute hypothéquer les chances de son parti. En effet, cette absence du candidat déclaré est un sérieux handicap pour le Pds qui n’arrive toujours pas à se déployer sur le terrain. «Je suis d’accord quand vous dites que notre parti pèche dans l’animation politique et l’occupation du champ médiatique. Oui, on ne sent pas beaucoup le Pds dans le débat en perspective de la présidentielle de février 2019», reconnaît Cheikh Tidiane Seck, le président de la fédération nationale des cadres libéraux.
Et jusqu’à présent, le parti refuse d’envisager un plan B, une candidature de substitution, au cas où Karim Wade ne rentrerait pas de son exil qatari. Tous les libéraux sont unanimes à croire au retour de leur candidat prodigue. «Le président Karim Wade sera bientôt parmi nous. Il prépare avec sérénité et responsabilité son retour, sa stratégie de campagne et son programme de gouvernance», poursuit Cheikh Tidiane Seck dans une interview accordée au journal Direct Info.
De ce fait, personne n’envisage, pour l’instant, son absence et aucun responsable libéral parmi les ténors n’osent se déclarer candidat pour le remplacer. Madické Niang, président du groupe parlementaire du Pds et de ses alliés et qui a été propulsé numéro 2 du Pds par Abdoulaye Wade, réfute catégoriquement l’idée d’être le plan B du Pds. Malgré les accusations d’anciens compagnons du Pape du Sopi, il ne veut pas en entendre parler.
De ce fait, les libéraux laissent le champ politique libre à Idrissa Seck. Le chef du parti Rewmi s’impose ainsi de plus en plus comme l’alter égo mais aussi un sérieux rival au candidat sortant le Président Macky Sall et cela au détriment du Pds, le principal parti de l’opposition. A preuve, les attaques du pouvoir ne se concentrent plus sur le Pds, mais bien sur Idrissa Seck. Mieux, Macky Sall et son Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne ainsi que tous les libéraux répondent systématiquement aux attaques du président du conseil départemental de Thiès.
Charles Gaiky DIENE