En dépit de la production de cent mille tonnes d’oignons attendue cette année, les producteurs sont dans la crainte du non respect du gel des importations.
Lequel peut hypothéquer l’écoulement des récoltes et engendrer une mévente, faute d’infrastructures de stockage et de conservation.
Correspondance : S’il y a un secteur agricole qui, malgré ses nombreuses contraintes, se porte bien en terme de production, c’est bien l’oignon. Dans la vallée du fleuve Sénégal où elle est cultivée à grande échelle, une production record de plus de cent mille tonnes est attendue cette année par les producteurs. De quoi rendre hilare les producteurs. Mais au contraire, ils pleurent. Non pas en pelant l’oignon mais à cause du non respect du gel des importations. Une situation qui risque de provoquer une mévente de leur belle récolte.
En effet, malgré les assurances de la direction de l’Agence de régulation des marchés (Arm), qui clame que toutes les dispositions sont prises pour que ces paysans puissent écouler leurs produits, le président du mouvement pour la défense des intérêts des producteurs de Podor affiche ses craintes. Mamadou Sall, producteur à la cuvette de Niandane, soutient que ce sont les mêmes préoccupations qui refont surface chaque année en cette période. Des difficultés liées surtout à l’écoulement et surtout à la conservation de l’oignon qui est un vrai casse-tête pour eux. Selon ce dernier, le seul magasin de stockage existant dans la zone se trouve au niveau de Bokhol. Et, malheureusement, peste le président du Mouvement pour la défense des intérêts des producteurs, ce magasin n’a même pas de chambre froide pour permettre une bonne conservation du produit. Pis, ajoute-t-il, dans tout le département de Podor, il n’y a que deux centres de groupages situés au niveau de Guiya et du croisement Boubé. D’ailleurs, pour ces producteurs, ces deux unités de conservation sont loin de pouvoir régler le problème de conservation et de commercialisation.
Dans la psychose des importations, ces producteurs estiment que plus de douze mille tonnes d’oignons importées ont récemment été déversées sur le marché. Ceci, malgré le gel des importations entre le 29 janvier au 11 février. «Nous ne pouvons pas accepter qu’il y ait autant d’oignons importés sur le marché alors qu’il y a plus de cent mille tonnes de la production locale qui doivent être mises sur le marché national entre le 20 février et la fin du mois de mars», s’insurge Mamadou Sall.
Toutefois, si ces producteurs se réjouissent d’une production jamais atteinte, ils risquent de vite perdre leur enthousiasme. Pour ne pas en arriver à cette situation dramatique, ils exigent les remboursements de factures impayées par certains importateurs depuis l’année dernière. Un endettement dû au fait qu’ils ne pouvaient écouler leurs récoltes et que l’Arm avait pris la décision de les mettre en rapport avec certains commerçants traités aux petits oignons, pour que ces derniers en retour puissent racheter la mévente de la production. Ce qui a été fait, mais depuis lors Mamadou Sall soutient qu’ils ne sont pas rentrés dans leurs fonds.
Abou KANE