Chaque année, ce sont des centaines de Sénégalais qui perdent la vie à cause des accidents de la circulation.
En plus du mauvais état des routes, des carcasses qui servent de transport en commun, l’indiscipline peut aussi être désignée comme un des facteurs déterminants à la base des accidents.
La route a encore fait des victimes. De nombreux accidents ont été notés à l’approche du Magal de Porokhane. Le bilan s’est alourdi entre temps, car certains blessés ont succombé. Beaucoup de Sénégalais pointent du doigt les chauffeurs qu’ils trouvent indisciplinés. Alimatou Diédhiou, une jeune demoiselle de taille moyenne, est de ceux-ci. Teint clair, la passagère du bus Tata n’y va pas par le dos de la cuillère pour accuser les conducteurs de véhicules. «Les chauffeurs ne se rendent pas compte qu’ils transportent des clients. Ils font la course comme s’ils étaient sur une piste de compétition, sans aucun respect pour les passagers». Selon elle, «les autorités doivent revoir la manière dont les permis sont délivrés. Parce qu’il y a trop d’anarchie. Les chauffeurs doivent comprendre qu’ils ne peuvent pas tout avoir en un seul coup», ajoute-elle.
Le drame survenu sur la route de Porokhane vient s’ajouter au 793 morts de la route en 2017 dont 51 morts pour le seul grand Magal de Touba qui, comme beaucoup d’autres événements religieux, est souvent l’occasion de grandes pertes en vies humaines. Ce, à cause des surcharges, de la fatigue des chauffeurs qui veulent faire le maximum de profit en un temps record. Elimane Pouye, chauffeur, âgé de 38 ans, confirme et sermonne ses collègues. «On doit être plus responsables, arrêter de doubler en troisième position, laisser passer la voiture qui a la priorité. Et en période de grands événements, nous devons être deux à trois chauffeurs pour assurer le trafic et permettre que les uns se reposent pendant que l’autre conduit», conseille-t-il. Ce chauffeur de bus se désole du comportement de certains de ses collègues. Mais, demande plus de clémence de la part des clients vu qu’aucun chauffeur n’est animé de l’intention de tuer ses passagers. «Nous ne voulons ni tuer des personnes par les accidents, ni être à la source de certains actes d’indiscipline», soutient-il. Mais, si ce chauffeur accepte les faits et s’accuse presque, il n’en est pas de même pour Balla Ndiaye, chauffeur à la retraite, reconverti en rabatteur de taxis «clando». Lui, met tout sur le dos de l’Etat. Pour ce vieux conducteur, «l’Etat est le seul responsable de tout ce qui se passe sur les routes. Le secteur du transport est marginalisé dans ce pays. Nous ne sommes pas considérés. Les agents de la circulation constatent des surcharges mais ne disent rien. Ils attendent qu’il y ait un accident pour sanctionner». S’y ajoute les fraudes sur les documents de transport. «L’Etat doit numériser les permis comme il l’a fait pour les cartes d’identité. Car avec l’avancée de la technologie, il y a des fraudes sur les permis», constate-t-il.
Parlant des permis à points, «père Balla», comme l’appellent les membres du garage estime que «l’Etat sait pertinemment qu’il ne pourrait assurer la transparence sur la manière dont les points seront enlevés. Un homme de tenue peut avoir un bras de fer avec un chauffeur, lui enlever des points et écrire sur son rapport que le chauffeur a commis une infraction. C’est sa parole contre celle du chauffeur».
En attendant la mise en service d’un permis à point, l’Etat envisage d’interdire le transport public interurbain au-delà de 22 heures. Hier, à Kaolack, le ministre des Transports, Abdoulaye Daouda Diallo, cité par l’Agence de presse sénégalaise annonce l’imminence de l’effectivité de la mesure.
Adja Mariétou NDAO
(Stagiaire)