Le 1er tour de la présidentielle de 2019 est connu, ce sera le 24 février.
A un an de scrutin les choses se précisent. A côté de ces candidats certains, il y a les candidats potentiels. Et enfin, il y a ceux qui veulent solliciter le suffrage universel mais pour des raisons judiciaires ou politiques, c’est selon, ont peu de chances de voir leur vœu se réaliser.
Les candidats certains
Macky Sall: Candidat à sa propre succession, le président de la République, Macky Sall, sera, à coup sûr, le candidat de la coalition Benno Bokk Yaakaar. En 2019, il défendra son bilan. Il aura le soutien de la coalition présidentielle ou ce qui en reste. En effet, ses principaux alliés que sont le Ps, l’Afp, la Ld et le Pit ont volé en éclats. Mais malgré les divisions de ses alliés, il espère remporter le scrutin dès le premier tour avec 60 % des voix. Mais au même moment, il redoute un second tour source d’incertitude.
Idrissa Seck : Fin tacticien, il a tiré les leçons de ses échecs lors des élections présidentielles de 2007 et surtout 2012. Depuis deux ans, Idrissa Seck sillonne le Sénégal des profondeurs sans tambours ni trompettes. En décidant de faire le tour du Sénégal à un an de la présidentielle de 2019, le leader du Rewmi a pris une sérieuse option pour ce rendez-vous électoral. Idrissa Seck va ainsi faire taire ses
détracteurs qui voyaient en lui un opposant de luxe dont le chemin le plus emprunté était l’axe Thiès- le Saint James hôtel de Paris. Sa tournée actuelle à la rencontre des Sénégalais des profondeurs lui permettra sans doute de se faire des idées sur le quotidien de ses compatriotes et construire un bon discours de campagne qui pourrait portait ses fruits au soir du 24 février 2019. En plus, avec les candidatures incertaines de Khalifa Sall et Karim Wade, il se positionne de plus en plus comme le leader de l’opposition.
Abdoul Mbaye: L’ancien Premier ministre prépare activement la prochaine élection présidentielle. Et pour éviter un croc en jambe juridico-politique, une éventuelle invalidation de sa candidature, il a renoncé à sa nationalité française et a démissionné du cabinet de conseil stratégique financier Helix international, et à son association dans Helix international Africa Middel East. «Je considère en effet, que notre collaboration cesse d’être possible en raison de mon engagement politique et tout particulièrement du démarrage d’une année préélectorale au Sénégal», écrit-il sur sa page facebook pour que nul n’en ignore. Ensuite, dans son adresse à la Nation, le 31 décembre, il décline son programme politique. «(…) Il sera tout aussi indispensable de réfléchir à l’approfondissement de notre démocratie par la construction d’un juste équilibre des pouvoirs seule protection contre les dérives et excès vécus depuis de trop nombreuses année», dit-il. Puis il ajoute : «Nous y travaillerons ensemble, forces vives soucieuses d’une politique autrement et compagnons de l’Act, dans la perspective du changement devenu nécessaire en 2019. Les vœux que je vous adresse pour 2018 sont aussi des souhaits pour que l’espoir commence à se reconstruire afin que l’on puisse le retrouver en 2019, et cette fois de manière durable».
Ousmane Sonko: Lui et ses partisans ont annoncé la couleur depuis fort longtemps. Et pour maximiser ses chances, il a entamé une tournée nationale sans renfort médiatique. Mieux, lors de la présentation de son livre intitulé: Pétrole et gaz au Sénégal, chronique d’un pillage, le député a donné une idée de son programme en cas de victoire en 2019. Il s’agit surtout de la renégociation de tous les contrats pétroliers signés par l’actuel régime. En se faisant élire député aux dernières législatives, il a pris sa revanche sur le pouvoir qui l’a chassé de la Fonction Publique et de son poste d’inspecteur des Impôts. Ousmane Sonko, rêve maintenant d’une autre vengeance, faire chuter son ennemi en 2019. Et il y croit fermement.
Malick Gakou: Les cadres de son parti, le Grand parti, ont déjà réuni la caution nécessaire pour la prochaine présidentielle. Et ses militants de Fatick qui se sont réunis au début du mois de février l’ont déjà aussi investi. «La convention départementale du Grand parti de Fatick réitère l’adhésion entière et le soutien indéfectible des camarades des 17 communes de Fatick à la candidature du Président Malick Gakou à la présidentielle de 2019, seule alternative crédible pour une réelle prise en charge des préoccupations des Sénégalais», lit-on dans un communiqué. Malick Gakou a, de son côté, décliné sa feuille de route depuis longtemps. Ainsi, sauf extraordinaire, le leader du Grand parti sera candidat en 2019 avec ou sans le label de la coalition Manko Taxawu Senegaal.
Les candidats potentiels
Madické Niang: Il est devenu l’homme fort du Pds et même l’argentier du parti, selon certaines indiscrétions. Bombardé numéro 2 du parti et président du groupe parlementaire Liberté et Démocratie par Abdoulaye Wade qui fait la pluie et le beau temps au Pds, Madické Niang se positionne de plus en plus comme le plan du B du Pds, en cas d’invalidation de la candidature de Karim Wade. Mieux, son ex camarade du Pds, Pape Samba Mboup, l’accuse de travailler pour porter les couleurs de sa formation politique qui est aussi le principal parti de l’opposition.
Me Aissata Tall SALL : Dernièrement exclu du Parti socialiste, l’ancien ministre de la communication sous Abdou DIOUF n’écarte pas de se présenter à la prochaine présidentielle. Leader du mouvement “Osez l’avenir”, Me Aissata Tall SALL a, dans les colonnes de WalfQuotidien dont elle était l’invité de la rédaction, indiqué que si son parti l’investit, elle sera sur la ligne de départ.
Modou Diagne Fada: Avec un seul député à l’Assemblée nationale, l’ex libéral n’a pas encore une envergure nationale pour espérer un résultat honorable en 2019. C’est pourquoi sa candidature n’est pas trop probante.
Abdoulaye Baldé: A l’instar de son ex camarade libéral Modou Diagne Fada, le député-maire de Ziguinchor est un candidat potentiel. Mais, comme l’ex-président du groupe parlementaire du Pds, Abdoulaye Baldé n’a pas encore une carrure nationale. Mais il peut toujours briguer le suffrage universel en 2019.
El Hadj Issa Sall du PUR: Son parti ayant créé la surprise lors des dernières élections locales avec trois députés pour une première participation, le leader du Pur voit maintenant les choses en grand. En conférence de presse au lendemain des législatives, il déclare: «Le Pur ne s’arrête pas là. Il est même très ambitieux et vise la présidentielle de 2019. Avec ces législatives, il est clair que nous sommes la première formation politique au Sénégal parce que le 1er et le 2e ce sont des coalitions».
Thierno Alassane Sall: Son rêve est de créer une République des valeurs. L’ancien ministre de l’Energie de Macky Sall rêve de changer les choses, c’est pourquoi sa candidature est dans l’ordre du possible, une manière pour lui de prendre sa revanche et de grignoter l’électorat du candidat Macky Sall.
Les candidats incertains
Wade: En 2015, il a été condamné à six ans de prison ferme et 138 milliards de francs Cfa d’amende pour enrichissement illicite. Un an après il est gracié et exilé au Qatar. Mais deux jours avant cette sentence, son parti l’a investi candidat à la prochaine présidentielle. Toutefois, les avis divergent sur la légalité de sa candidature. Certains pensent que sa condamnation le rend inéligible et sa candidature serait invalidée par le Conseil constitutionnel. Par contre les libéraux et les centaines de mouvements karimistes qui foisonnent croient dur comme fer qu’il peut briguer le suffrage universel. Mieux les cadres libéraux se sont engagés à préparer son retour triomphal. Cependant, Karim lui-même ne semble pas être dans les dispositions de revenir au bercail et de briguer le suffrage universel. En effet, dans sa lettre de condoléances suite au décès du khalife général des mourides, il avoue son impuissance à revenir au bercail. «Je regrette particulièrement d’avoir été empêché d’aller à Touba et d’avoir été expulsé de mon propre pays pour prendre le chemin d’un exil forcé le 24 juin 2016», avoue-t-il.
Ainsi, Karim Wade n’est pas maître de son retour dans son propre pays. En effet, son retour au bercail ne dépend pas de lui, mais de ceux qui l’on expulsé. Et malheureusement pour lui, ceux qui l’ont expulsé et qui l’ont empêché de se rendre à Touba sont toujours là. Et il est très peu probable que ces derniers le laissent retourner au pays.
Khalifa Sall: Le maire de Dakar est dans le même cas que Karim Wade. Son avenir politique immédiat dépendra de son procès. Et sans présager du verdict, il est très peu probable qu’il en sorte indemne. D’ailleurs, le maire de la Médina un de ses principaux lieutenants, est sceptique. Bamba Fall pense à Idrissa Seck comme plan B pour la coalition Taxawu Senegaal. Khalifa Sall est accusé de détournements de deniers publics, de faux et usage de faux, etc. S’il est blanchi, il pourra briguer le suffrage des Sénégalais et dans ce cas, il aura des fortes chances. Par contre, s’il est reconnu coupable de détournements de deniers publics, il risque de suivre le scrutin depuis sa cellule.
Cheikh Tidiane Gadio : Ancien ministre des Affaires étrangères et candidat malheureux en 2012, il a été inculpé aux États-Unis pour corruption de hauts responsables tchadiens. Et il risque gros. En effet, Mamadou Thiam, un ministre Guinéen qui a été jugé aux Etats Unis pour des faits similaires a écopé de six ans de prison. C’est dire qu’il est très peu probable que le leader de Lu Jot Jotna soit au Sénégal en 2019.
Charles Gaïky DIENE