La Chine a-t-elle offert à l’Union africaine un «cadeau» empoisonné en l’octroyant sans bourse délier un siège flambant neuf avec toutes les commodités ?
Dans une enquête parue dans le journal français Le Monde, le 29 janvier 2018, il est indiqué que Pékin a espionné les Chefs d’Etat africains en transférant nuitamment des enregistrements entre minuit en 2 heures du matin d’Addis-Abeba à Pékin. Vrai ou faux ? Pékin et l’UA ont démenti et le débat fait rage. Mais pour l’analyste politique, Momar Thiam que nous avons joint au téléphone le simple fait d’avoir accepté un tel «cadeau» fracture l’indépendance de l’Union africaine qui aurait dû selon lui, financer elle-même son propre siège à l’instar de l’Union européenne à Bruxelles.
Le fait que c’est la Chine qui offre à l’Union africaine son siège prouve que «l’indépendance de l’Afrique est fracturée voire atteinte». C’est la conviction de l’Expert en communication politique, Momar Thiam. «Si les Chefs d’Etat africains s’étaient offusqués de la volonté de la Chine de leur offrir un siège, on aurait dû comprendre. Malheureusement, l’essentiel des financements viennent de l’extérieur. Or, l’UA aurait dû faire comme l’Union européenne en finançant elle-même son propre siège. Mais en acceptant malencontreusement ce «cadeau» de Shanghai, c’est notre indépendance qui se trouve fracturée voire atteinte», a déclaré M. Thiam que nous avons joint au téléphone hier, lundi 12 février. Analysant le débat suscité par une enquête parue dans le journal Le Monde le 29 janvier 2018, Momar Thiam marque d’emblée son étonnement.
« Il y a deux éléments à relever dans cette histoire d’espionnage du siège de l’Union africaine. D’abord, ce qui m’étonne, c’est comment une grande institution comme l’UA n’a pu découvrir ce type d’espionnage qui aurait débuté en 2012 qu’en 2017. Mieux, pourquoi la source ne provienne pas de l’Afrique mais plutôt d’un journal étranger aussi sérieux soit-il», Le Monde.
«Quant à l’espionnage, précise M. Thiam, ça relève de l’ordre normal des choses. Il faut plutôt se prémunir avec la cyber-sécurité. Il faut comprendre que l’espionnage existe depuis que la diplomatie existe voire un peu plus avant celle-ci. Ce qui est extraordinaire c’est qu’il s’agit de l’UA qui doit quand même disposer de toutes les dispositions techniques pour parer à toute éventualité ».
Et d’ajouter : «il faut vraiment être naïf pour croire la Chine n’a pas donné à l’Afrique un cadeau empoisonné. Elle prend l’Afrique comme un nouvel Eldorado». «Les chefs d’Etat africains ne peuvent donc pas être si naïfs en croyant que la Chine ne va pas les espionner», conclut l’analyste politique.