L’enjeu est de taille pour l’opposition significative, mais également pour le pouvoir.
Les rapports à venir entre les deux dépendront de la réussite ou de l’échec de la manifestation de rue prévue aujourd’hui par l’opposition regroupée autour de la plateforme Initiative pour des élections démocratiques au Sénégal.
Une trentaine de formations politiques et organisations de la société civile seront dans la rue aujourd’hui. «Nous irons à la rencontre des Sénégalais, nous allons commencer par Dakar, ensuite nous allons faire l’ensemble des 45 départements du pays et de la diaspora afin que chacun, là où il se trouve, manifeste parce que ce qui s’est pas passé en juillet n’a pas été une élection», a déclaré Mamadou Diop Decroix, ajoutant qu’ils sont prêts à mener tous les combats et à consentir tous les sacrifices qu’il faut pour avoir des élections normales, libres et transparentes. «Le devoir que nous avons est de nous battre pour que les élections redeviennent sincères et transparentes et pour que la volonté populaire soit sécurisée», poursuit le député qui s’exprimait, lors de la conférence de presse des partis de l’opposition et des organisations démocratiques signataires de l’Initiative pour des élections démocratiques au Sénégal. «Nous sommes obligés de nous battre pour avoir des élections sincères», soutient le député Mamadou Lamine Diallo.
Mais cette manifestation n’est que le premier acte du plan d’action de l’opposition pour tordre la main au président de la République. L’enjeu de la mobilisation est donc de taille aussi bien pour le pouvoir que pour l’opposition significative. En effet, cette marche, la deuxième de l’opposition radicale intervient au moment où celle-ci boycotte ou participe à sa manière à ce dialogue politique, c’est selon. Ainsi, l’avenir des relations entre les deux entités dépendra de la réussite ou de l’échec de cette marche.
S’ils mobilisent fortement aujourd’hui, le Pds, Rewmi, les socialistes favorables à Khalifa Sall, l’Act, le Grand parti, Aj, etc vont dicter leur loi au chef de l’Etat, et vont ainsi influer sur l’issue de ces négociations, même s’ils n’y prennent pas part. Ils sont donc condamnés à rassembler le maximum de monde pour obliger le Président Macky Sall à prendre en compte leurs revendications.
Ces organisations vont manifester pour obliger le gouvernement à organiser des élections libres et transparentes en 2019. L’opposition a principalement huit exigences, dont la séparation du vote des militaires et des civils, l’audit indépendant du processus électoral, la publication des listes électorales au plus tard avant le mois de juillet 2018. Le Pds, Aj, Tekki, Pastef, Act, ainsi que tous les autres partis de l’opposition et de la Société civile qui disqualifient la Cena, exigent la création d’une Haute autorité pour jouer et remplacer l’institution dirigée par Doudou Ndir, accusée d’être au service du pouvoir. Les opposants exigent aussi la nomination de juges indépendants à la place du Conseil constitutionnel.
Mais le pouvoir qui n’est pas prêt à faire de concessions, fera tout son possible pour faire échec à l’opposition. Car un fiasco casserait à coup sûr la dynamique unitaire de l’opposition. En plus, à un an de l’élection présidentielle, il conforterait la conviction de la mouvance présidentielle qu’elle est majoritaire dans le pays.
Charles Gaïky DIENE