Jusque-là, aucun vent n’a été suffisamment fort pour le déraciner.
S’accrochant à son fauteuil, comme ferait quelqu’un qui se noie avec une brindille, Jacob Zuma a tenu malgré les nombreux scandales qui l’ont éclaboussé. Seulement, avec la dernière vague de contestation émanant de l’Anc, il semble, désormais, avoir épuisé toutes ses cartouches et chercherait une porte de sortie.
Le président Jacob Zuma passe-t-il ses dernières heures à Mahlamba Ndlopfu ? De nombreux média sud-africains semblent l’attester. En effet, selon l’agence Reuters, qui cite le Times sud-africain, Jacob Zuma a accepté de démissionner « une fois que certaines conditions auront été remplies ». Ainsi, une réunion ayant réuni Jacob Zuma, Cyril Ramaphosa, élu dernièrement à la tête de l’Anc (Congrès national africain) et Ace Magashule, secrétaire général de l’Anc, a été tenue. Même si rien n’a filtré officiellement de cette rencontre qui s’est tenue ce mardi, des dirigeants de l’Anc, cité par Times, ont déclaré qu’un « accord avait été conclu permettant au chef de l’Etat de partir dignement ». Une information corroborée par la décision de l’Anc de reporter la réunion extraordinaire de son comité exécutif qui devait se tenir hier mercredi. Comme Yahya Jammeh et Robert Mugabe, avant lui, le successeur de Thabo Mbeki cherche donc, avant de partir, à s’aménager une porte de sortie ne menant pas forcément au palais de justice.
Jacob Zuma ne semble n’avoir plus d’autre choix que de jeter l’éponge pour ne pas se faire humilier par une destitution. Les quelques mois qui lui restent officiellement à passer au palais de la République d’Afrique du sud, son mandat prend fin en 2019, les députés ne semblent pas vouloir l’attendre. Tout comme ils ne seraient pas disposés à entendre son discours sur l’état de l’union. Un message annuel prévu ce jeudi et qui a finalement été reporté.
Et, si les parlementaires de l’Anc sont aussi intransigeants avec Zuma, c’est pour davantage donner à Cyril Ramaphosa des chances de remporter la prochaine présidentielle, prévue en mai 2019. Jacob Zuma, qui a soutenu la candidate malheureuse, Nkosazana Dlamini-Zuma, lors des élections à la présidence de l’Anc, est devenu un handicap pour son parti qui cherche en s’en débarrasser pour ne pas perdre le pouvoir. Au mois d’aout dernier, c’est in extrémis qu’il a échappé à la destitution. A l’issue d’une motion de défiance, la neuvième depuis qu’il est élu, déclenchée par l’opposition, qui se renforce davantage, il y avait 198 voix pour son maintien contre 177 voulant son départ. Avec les dernières élections à la présidence de l’Anc, les quelques soutiens dont il pouvait se prévaloir semblent lui avoir échappé.
Retour de bâton
Arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup de force qui a éjecté Thabo Mbeki à l’issue d’un vote des parlementaires, Jacob Zuma traîne des casseroles aussi gigantesques que sa résidence privée qu’il a réfectionnée à coups de millions de rands, 20 millions d’euros d’argent public. Un scandale qui en cache bien d’autres qui ont fini par discréditer le parti de Mandela.
Mame Birame WATHIE