Hier, tôt le matin, les populations de Guet Ndar et de la Langue de barbarie, le courage et la soif de vengeance en bandoulière, ont saccagé les boutiques et autres commerces gérés par des ressortissants mauritaniens.
Ils manifestaient ainsi leur colère contre le meurtre d’un des leurs par des garde-côtes mauritaniens.
Correspondance : Du grabuge, il y en avait hier à Saint-Louis. La journée de ce lundi 29 janvier 2018 y restera à jamais gravée dans les mémoires. Les populations de Guet-Ndar et de la Langue de barbarie ont envahi la gouvernance pour se faire entendre. Auparavant, elles ont affronté les forces de l’ordre, saccagé une quinzaine de boutiques estampillées appartenant à des Mauritaniens tout en en brûlant quelques-unes. Certes, les populations en ont souffert, mais les forces de l’ordre et de sécurité ont aussi payé un lourd tribut avec une dizaine de blessés.
Jusqu’en fin d’après-midi, ces populations surexcitées ont bravé les lacrymogènes et la faim pour faire face aux forces de l’ordre et de sécurité venues en grand renfort. Guet-Ndar et son arrière-pays se rebellent ainsi, en représailles, à la dernière fusillade mortelle en date, perpétré en haute mer par les garde-côtes mauritaniens. Le jeune Baye Dame Faye y laissera la vie. Et c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Ici, l’on digère mal les tirs répétitifs des garde-côtes mauritaniens sur les pêcheurs de Guet-Ndar. Ainsi, pour dire haro à cette situation des plus déplorables, la Langue de barbarie s’est rappelée au bon souvenir des décideurs, tout en les mettant à l’index. Aux autorités de prendre les mesures conservatoires qui s’imposent pour garder sauves les bonnes relations qui ont jalonné l’histoire de la Mauritanie et du Sénégal.
Au fil des ans, Guet-Ndar et toute la Langue de barbarie sont devenues un énorme cahier de doléances. Le défaut de licences de pêche mauritaniennes se présente comme un casse-tête chinois. Attendues depuis près de deux ans, ces licences ont toujours permis aux populations de la Langue de barbarie et, par extension la ville de Saint-Louis de joindre les deux bouts. Tout en régulant l’activité socio-économique de la vieille cité. Et depuis lors, les autorités sénégalaises ont montré leurs limites dans la recherche de solution à cet épineux problème. A cela s’ajoute le rapatriement, par la Mauritanie, de milliers de ressortissants sénégalais qui vivaient des effets induits de l’activité de pêche. Comme si le sort s’acharnait sur les populations de la Langue de barbarie, l’avancée de la mer est venue mettre tout le monde d’accord sur l’urgence et la nécessité de tout mettre en œuvre pour apporter le secours adéquat à cette partie de l’île de Saint-Louis. A cause de ce phénomène pernicieux, des dizaines de concessions sont détruites tandis que des centaines d’individus se retrouvent dans des conditions difficiles. Même les moteurs diligentés par le Président Macky Sall pour alléger les souffrances des populations de Guet-Ndar ne vont pas produire les résultats escomptés. Ces largesses du chef de l’Etat vont être à l’origine de vives tensions entre frères, parents et autres voisins. Selon certaines indiscrétions, le don a généré plus de problèmes qu’il en a résolus. La vive tension, née de la destruction de deux mosquées sur la Langue de barbarie, ajoutée à la précarité ambiante notée depuis de longs mois maintenant, ont contribué à corser davantage la note bien salée des populations de la Langue de barbarie.
Gabriel BARBIER