Landing SAVANE a déploré, jeudi, le fait que les chefs d’Etat africains continuent de s’accrocher à l’aide publique au développement.
Ce, dans l’optique de sortir le continent du sous-développement et le mettre sur la rampe de l’émergence économique. Il l’a fait savoir en marge de la cérémonie de lancement d’une boutique agroalimentaire par l’Institut de technologie alimentaire (Ita).
L’aide publique bilatérale versée par les pays membres du Comité d’aide au développement (Cad) aux pays du continent africain s’élève à 27 milliards de dollars en 2016, dont 24 milliards de dollars affectés à l’Afrique subsaharienne. Ce constat de l’Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde) est la preuve que les pays africains continuent d’être dépendants de l’Aide publique au développement (Apd). Une situation que regrette l’ancien ministre Landing Savané. Il estime qu’à force de ne compter que sur l’aide extérieur, plusieurs pays africains sont à la traîne dans un monde en mutation. «Le drame de l’Afrique, c’est le manque de confiance en nous», se désole-t-il. Car, dit-il, au moment où le déclin se voit dans le reste du monde, l’Afrique avec sa jeunesse et son potentiel de développement devait avoir confiance en elle-même. Cela, ajoute-t-il, pour être la locomotive de la transformation de l’économie mondiale. «Je crois depuis toujours au potentiel de notre pays et de notre continent», a déclaré M. Savané. Il s’exprimait en marge du lancement de la boutique Wayabi pour la promotion du consommer local.
Pour l’ancien ministre des Mines, de l’Artisanat et de l’Industrie d’Abdoulaye Wade, le continent peut s’imposer dans la transformation des produits locaux. «J’ai toujours été défenseur de la transformation des produits locaux. C’était d’y arriver et sans épuiser le potentiel que présente ce secteur de la transformation. Mais, nos Etats, nos chefs d’Etat, sont encore timorés. Ils croient aux vertus de l’aide extérieur. Finalement, trop de pays trainent encore dans la stagnation alors qu’ils devraient être en mesure d’aller plus vite», a-t-il souligné. Depuis les années 1990, des industries de transformation de produits agricoles africains ont tenté de promouvoir des aliments dits traditionnels. Cependant, malgré cette volonté d’augmenter la compétitivité des produits locaux, les sachets d’attiéké (couscous de manioc) et les flocons de mil précuit n’ont guère rencontré de succès. Il ressort des constats que durant la période 2005-2007, 40 % du riz blanc consommé sur le continent était importé ainsi que 62 % du blé ou encore 55 % du sucre et des huiles végétales. Une situation due aux accords internationaux de libre-échange qui font que sur des marchés africains, on peut trouver un riz américain ou asiatique au même prix, voire moins cher, qu’un riz local alors que celui-ci a demandé jusqu’à cent fois plus de travail. Cela, sans compter que les riz importés sont souvent perçus par les consommateurs comme plus faciles à cuisiner et à conserver. «Je pense que la jeunesse se rend compte de ce qu’il y a. Si le secteur public ne prend pas ses responsabilités, le secteur privé, à travers de petits entrepreneurs qui ont un problème de moyens, est en train d’assumer ces responsabilités», clame-t-il. Non sans signaler que la crise des prix alimentaires de 2008, qui avait provoqué des émeutes de la faim, a cependant «sensibilisé» les dirigeants africains sur le danger de ne recourir qu’aux marchés mondiaux pour satisfaire les demandes alimentaires nationales.
Adama COULIBALY